Par
Gil Martin
Publié le
Voir mon actualité
Ce n’est pas encore un budget d’austérité, mais Carole Delgaprésident du Région Occitaniea confirmé ce jeudi 14 novembre que la collectivité, qui sera perdante sur son prochain budget 187 millions d’eurosil faudra réduire la voile sur ses projets d’investissement. En 2024, à titre de comparaison, la Région avait voté un budget de 950 millions d’euros… Pour reprendre l’expression devenue célèbre (malgré lui) d’un ancien préfet de l’Hérault, « c’est fini ».
139,7 M€ prélevés par Michel Barnier
Le président Occitane a énuméré très précisément les pertes annoncées pour la collectivité qui s’élève donc à près de 200 millions d’euros : « Dans le cadre du Projet de loi de finances 2025 de l’Etat, notre budget sera prélevé directement sur 139,7 millions d’euros », confirme-t-elle. Dans le détail, la communauté perdra sur plusieurs positions : à commencer par un prélèvement sur les recettes fiscales estimé à 50,9 millions d’euros, accompagné d’un baisse des dotations de l’État de 29,9 millions d’euros. A cela s’ajoute un perte sur TVA de 52 millions d’euros et une autre ponction de 6,9 millions d’euros pour la contribution de la collectivité au fonds national de retraite des agents des collectivités territoriales.
Au total, moins 187 M€ pour la Région
« Mais la soustraction ne s’arrête pas là… Il faut aussi prendre en compte d’autres dépenses qui ont un fort impact sur le budget, malgré nous », poursuit le président, qui pointe un manque à gagner de 12 millions d’euros. sur les cartes grisesen raison de l’exonération des véhicules électriques. Des mesures en faveur de pouvoir d’achat des fonctionnaires entraînera également un surcoût de 22 millions d’euros… « Et ce n’est pas fini : il faut compenser le désengagement de l’État du marché. financement de l’apprentissagesoit 3,4 millions d’euros, et suppose la suppression de sa participation dans la ligne ferroviaire Cévenolsoit 4,5 millions d’euros. Finalement, nous devons payer un coût énergétique supplémentaire non compensé par l’État à hauteur de 5 millions d’euros ».
« Le projet de Michel Barnier est injuste et a de lourdes conséquences pour les territoires, d’autant que nous avons joué le jeu dans la période post-covid en augmentant nos investissements de 26% »
À la fin, l’ajout atteint un montant astronomique pour la collectivité « qui a déjà subi près de 210 millions d’euros de réductions imposées et non compensées en 2023 et 2024 », ne décourage pas le président qui dénonce « UN effort disproportionné » demande aux collectivités… Cette situation est d’autant plus injuste qu’elles ne sont pas responsables de la dette nationale : elles ne représentent que 7,8% de la dette publique alors même qu’elles assurent 60% de l’investissement publicdont 12% pour les Régions.
France : la dette a bondi !
Rappel : la dette publique est passée de 2 258 milliards d’euros en 2017 à 3 200 milliards d’euros en 7 ans. Cela a un fort impact sur les taux d’emprunt en France, parmi les plus élevés d’Europe. « Pour rappel, la France a emprunté en 2021 à des taux d’intérêt proches de 0 alors qu’aujourd’hui ils sont supérieurs à 3 % », explique Carole Delga : « A ce rythme, en 2027, le remboursement de la dette, soit 71 milliards d’euros, sera plus important. plus important dans le budget du pays que celui de l’Education Nationale avec 65 milliards d’euros ! »
L’Occitanie doublement pénalisée
« Le projet de loi de finances 2025 porté par Michel Barnier est injuste et lourd de conséquences pour les territoires, surtout qu’on a joué le jeu dans l’après-covid en augmentant nos investissements de 26% », précise Carole Delga : « D’ailleurs, notre région sait forte dynamique démographique ce qui nécessite des investissements essentiels dans les lycées, la formation, les transports routiers et ferroviaires, la santé, etc.. » Le président devra donc faire des arbitrages : « Nous déplaçons le traditionnel Débat d’orientation budgétaire (le DOB) de novembre à décembre notamment afin d’avoir en main le projet de loi de finances du gouvernement… Nous adopterons ensuite le budget en janvier 2025.
Carole Delga va faire des économies
Un budget qui sera marqué par le sceau d’épargne : «Nous maintiendrons nos interventions dans trois priorités : la défense du pouvoir d’achat, l’emploi et la santé. Mais pour cela, on cessera de compenser le désengagement de l’Etat sur plusieurs points, notamment le financement des rénovation énergétique et celui de infrastructure ferroviaire dont l’État est propriétaire. Première mesure : la Région reporte la commande de dix nouveaux trains, représentant une économie de 93 millions d’euros. « Nous maintenons nos projets de petites lignes Montrejeau – Luchon, Alès – Bessèges et Rive Droite du Rhône, et on pensera aux lignes Limoux – Quillan et Rodez – Séverac. Nous restons également partenaires de la deux projets LGV, dont la liaison Montpellier-Béziers.
« Investissements : nous allons faire une pause sur certains projets prévus dans le cadre du Contrat de Plan Etat-Région et nous allons discuter avec les financiers »
La Région va également geler la création de nouveaux postes en 2025 (la masse salariale représente 17,8% du budget Occitanie contre 19,1% en moyenne pour les autres régions) et accélérera la fusion des différentes grandes agences régionales pour passer de sept à trois, spécialisées dans l’économie, culture et climat. Cette mutualisation des ressources a déjà été initiée et doit générer 17 millions d’euros d’économies d’ici 2028. La collectivité envisage également d’annuler certaines mesures « qui font double emploi avec celles de l’État », comme Rénov’Occitanie qui laissera la place à MaPrim’Renov, une économie annuelle de 2 millions d’euros.
Rationaliser les participations
« Nous allons réduire nos systèmes d’intervention et réinterroger les projets avec des partenaires, y compris d’autres communautés », prévient le président qui rationaliser ses participations dans des organismes étatiques et dans des structures « qui ne dépendent pas de la Région, comme EIDune économie de 2,3 millions d’euros. Carole Delga annonce qu’elle va compléter les engagements pris sur les projets existants mais qu’elle compte « faire une pause » sur certains projets prévus dans le cadre du Contrat de plan État-Région et promet » de la discussions à venir avec les financiers.
Rendez-vous le 19 décembre
L’élue régionale se fixe pour objectif de ne pas dépasser la ligne rouge : « Pour les Régions, le seuil d’alerte est fixé à 9 ans par rapport à la capacité de désendettement. Nous étions à 6,6 ans en 2023, et nous serons au-dessus de 7 ans fin 2024. Compte tenu des circonstances, nous risquons à terme d’atteindre 8 ans mais je ferai tout pour n’en pas arriver là. D’ici là, les élus régionaux disposent d’une dizaine de jours pour s’adapter aux nouvelles données et faire des propositions. « Je vais de la arbitrages et nous discuterons des propositions en assemblée lors du DOB prévu à Montpellier le 19 décembre.»
Suivez toute l’actualité de vos villes et médias préférés en vous abonnant à Mon Actu.