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Aux Sables-d’Olonne, pourquoi cette entreprise de cinquante salariés n’a pu éviter la liquidation

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Le tribunal de commerce de La Roche-sur-Yon a prononcé, le 3 juillet 2024, la liquidation de la société Saprofil, situé à Les Sables-d’Olonneà deux pas du centre commercial Leclerc.

La fermeture a été imputée à la situation financière de l’entreprise spécialisée dans les fours grills et l’électroménager, mais aussi à une forte pollution, a indiqué la CFDT au Journal des Sables.

Mais la fragilité de l’entreprise n’est pas nouvelle, si l’on en croit Christophe Graton, directeur industriel de Saprofil. « Quand je suis arrivé dans l’entreprise en 1983, on m’a dit que je n’aurais pas une longue carrière », raconte le dirigeant, qui y voit une illustration des incertitudes permanentes avec lesquelles l’entreprise a dû travailler.

Cependant, ce dernier aura employé près de 220 salariés durant ses meilleures années.

Depuis 1973

L’histoire de Saprofil remonte à 1973 lorsqu’un industriel allemand, habitué des lieux de tourisme en Vendée, souhaitait transférer une partie de son activité dans la région, profitant de la proximité de la voie ferrée. La société Saprofil, spécialisée dans la conception de grilles pour appareils électroménagers, allait produire des paniers pour congélateurs.

L’activité, florissante au début, allait se développer et se diversifier.

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« C’était l’âge d’or de l’électroménager français. »

Saprofil allait fabriquer des grilles pour cuisinières à gaz, puis des grilles pour fours de cuisson et de boulangerie. Le site est ainsi passé de 4 000 à 8 000 m2 en 1989. En 1994, des réparations suite à un incendie ont permis d’améliorer les procédés de l’entreprise qui a alors intégré des paniers lave-vaisselle et des cages à canards collectives pour la production de foie gras.

Mais l’activité reste dépendante du contexte économique. Les retombées de l’euphorie post-covid et la flambée des prix de l’énergie qui ont impacté la production des fours en Allemagne ont eu un impact majeur sur l’activité de Saprofil, toujours détenue par un actionnaire allemand. Nous sommes passés de huit millions à quatre millions d’euros. de chiffre d’affaires en deux ans», déplore Christophe Graton.

Saprofil a été fondée en 1973.
Saprofil a été fondée en 1973. ©Journal des Sables

Le coût de la pollution

Le site devait également faire confrontés à des coûts importants résultant de la pollution liés à son activité. En particulier, nous parlons de la pollution terrestresuite à des fuites survenues sur certains réservoirs. On parle aussi de pollution du ruisseau des Hespérides à proximitéSur ce dernier point, Christophe Graton est catégorique :

« Saprofil a toujours respecté la limite de rejet autorisée imposée par l’administration, qui est de 2 mg de nickel par litre d’eau. »

Mais on parle aujourd’hui de rejets dans des millions de litres d’eau sur trente ans. Ce qui a conduit la Dreal (Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement) à se saisir du problème et d’imposer une absence totale de rejet« Ce qui a nécessité l’installation d’un évaporateur d’un million d’euros. »

L’administration a également imposé la mise en place de bâches de réserve incendie et d’un dispositif de confinement des eaux d’incendie. « 500.000 € ». A cela s’ajoute la nécessité de refaire la toiture, pour 1,2 million d’euros.

Tant de coûts que Saprofil pouvait difficilement assumer et qce qui a conduit à la mise en redressement de l’entreprise. Mais « lorsque le syndic a vu les besoins financiers de la société, il a immédiatement demandé la liquidation ».

« Nous n’avons jamais été aveugles »

Saprofil n’a donc pas eu le temps de mettre en œuvre un plan qui, selon ses dirigeants, aurait sauvé l’entreprise.

 » Nous n’avons jamais été aveugles « Nous avons été très déçus par la situation », plaide Christophe Graton. « L’idée était de nous séparer de la chaîne de traitement de surface (très polluante, NDLR) et de sous-traiter cette activité. » Saprofil aurait alors dû se séparer d’une quinzaine de salariés et envisageait de déménager aux Plesses en recentrant son activité. « Avec un travail soutenu, on aurait pu tenir », soupire Christophe Graton.

Mais la situation économique et l’ampleur des problèmes environnementaux et financiers de l’entreprise ont rendu impossible cette voie de sortie.

Et maintenant ?

« Les salariés bénéficieront d’un accompagnement et toucheront leur salaire moins 10% pendant un an », assure Christophe Graton.

Quant aux équipements de Saprofil, ils devraient trouver preneur.Des entreprises comme Brandt sont en lice pour certaines machines. « Vous savez, nous avons un savoir-faire enviable », confie Christophe Graton.

Le problème du site demeure,la décontamination sera impérative« Le site sera remis en état », assure le responsable industriel. Des discussions sont en cours avec la Dreal, notamment sur l’avenir du ruisseau. Quant aux cuves, étanches, elles devront être vidées et les sols en dessous décontaminés.

Les cuves contenant des produits dangereux sont étanches, rassure le directeur industriel du site.
Les cuves contenant des produits dangereux sont étanches, rassure le directeur industriel du site. ©Journal des Sables

Qui réalisera ces opérations ? Saprofil ? Un repreneur du site ? Plusieurs options sont à l’étude.

Et qui achètera le terrain, décontaminé ou non ? Situé immédiatement derrière la promenade Leclerc, il devrait certainement trouver preneur.

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Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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