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Aux Pays-Bas, l’extrême droite veut faire passer une « loi d’urgence » sur l’immigration

La ministre néerlandaise de l'Asile et de la Migration, Marjolein Faber, à La Haye, le 2 juillet, lors de sa prise de fonction.

Une « loi d’urgence » pour faire face à la crise de l’asile que traversent les Pays-Bas : c’est l’une des mesures phares du programme gouvernemental présenté vendredi 13 septembre, à La Haye, par le Premier ministre Dick Schoof. Porté par Marjolein Faber, la ministre de l’Asile et de la Migration, membre du Parti pour la liberté (PVV, extrême droite) de Geert Wilders, ce projet vise à rétablir les contrôles aux frontières, suspendre temporairement l’examen des demandes d’asile, durcir les conditions d’accueil et limiter le regroupement familial, impossible notamment pour les enfants majeurs. Le nouveau gouvernement espère aussi conclure des accords avec les pays d’origine afin d’empêcher le départ de leurs ressortissants.

Invoquant la notion de « circonstances exceptionnelles », M.moi Mme Faber estime que sa démarche est conforme à la loi et à la Constitution, même si seule une catastrophe naturelle, une guerre ou une pandémie pouvaient jusqu’à présent justifier l’adoption de mesures « d’urgence ». Les avocats n’ont donc pas tardé à critiquer le plan de la ministre, dont Viola Bex-Reimert : le Parlement ne peut pas être mis à l’écart pour résoudre un problème créé par les autorités elles-mêmes, explique en substance le quotidien. CNRC, ce professeur de droit public à l’Université d’Utrecht.

Diminution du nombre de demandeurs d’asile

Pour elle, comme pour d’autres experts, c’est en fait le refus des autorités de répartir les demandeurs dans toutes les communes du pays et d’augmenter la capacité des centres d’accueil qui a causé des difficultés. Les dernières données indiquent également une baisse du nombre de demandes d’asile (2 600 en juillet), après un pic en octobre 2023 (5 000). Quelque 27 000 permis de séjour temporaire ont été accordés en 2023, soit 2 500 de moins que l’année précédente.

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Il appartient désormais à M. Schoof, Premier ministre apolitique et ancien haut fonctionnaire, de soumettre à la deuxième chambre un projet de loi visant à introduire des mesures d’urgence. S’il est voté, les députés, puis les sénateurs, donneront leur feu vert à M.moi Faber va mettre en œuvre une politique conforme au programme de son parti.

Élue depuis 2011, elle se présentait auparavant comme une partisane de « des positions dures, sans nuance, comme l’interdiction du Coran, la fermeture de toutes les mosquées, l’élimination de l’islam. » Depuis sa nomination comme ministre, elle a cependant gardé le silence sur ses déclarations les plus radicales, tout comme M. Wilders. Elle devra convaincre deux autres partis de la coalition au pouvoir, à savoir le Nouveau contrat social (NSC, centre-droit) et surtout le Parti populaire pour la liberté et la démocratie (VVD, libéral). Ce dernier, alors dirigé par Mark Rutte, avait refusé, en 2022, d’adopter des mesures d’urgence alors que les centres d’accueil étaient complètement surchargés. Autre difficulté : au Sénat, la coalition actuelle ne dispose que de 29 sièges sur 75.

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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