Aux Pays-Bas, l’extrême droite impose son cap
LL’extrême droite européenne n’a pas besoin d’attendre les élections du 9 juin pour remporter de nouveaux succès. L’encre du pacte migratoire qui vient d’être adopté après de longues négociations est à peine séchée, on retrouve son influence dans la lettre signée par quinze pays réclamant un nouveau durcissement de la politique migratoire de l’Union. Cela concerne notamment l’externalisation des procédures de demande d’asile, comme compte le faire le Royaume-Uni avec le Rwanda.
Cette lettre a été rendue publique le 16 mai, au lendemain de l’annonce de l’accord de coalition conclu par Geert Wilders et son Parti pour la liberté aux Pays-Bas. Vainqueur surprise des élections législatives de novembre 2023, le leader de l’extrême droite néerlandaise a triomphé après six mois de marchandage au prix d’une concession tactique : ne pas occuper le siège de Premier ministre. Avec le soutien d’un parti agraire en première ligne pour saper les politiques environnementales européennes, il a imposé ses idées au centre droit et à la droite, notamment au Parti populaire pour la liberté et la démocratie (VVD), du chef du gouvernement sortant Mark Rutte.
En échange d’engagements assez flous en termes de respect de l’État de droit et de sérieux budgétaire, ces derniers ont accepté d’entériner un programme en matière d’immigration, notamment en matière d’asile, si radical que les experts voient mal comment il pourrait être appliqué comme elle existe, car elle est en contradiction avec les traités internationaux dont les Pays-Bas sont signataires. Geert Wilders a également admis que l’obtention d’une dérogation aux normes européennes pourrait prendre » années « ou l’éternité en termes de durée de vie moyenne des coalitions gouvernementales néerlandaises.
En s’inclinant ainsi, le centre droit a vérifié à ses dépens un axiome politique bien établi : la chasse aux terres de l’extrême droite, notamment en matière d’immigration, conduit inévitablement à la défaite idéologique qui précède généralement la déroute électorale. . Estimant, durant la campagne, que Geert Wilders était devenu à ses yeux sympathique, le chef du VVD, Dilan Yesilgöz–Zegerius, avait elle-même ouvert la brèche dans laquelle ce vétéran de l’extrême droite néerlandaise n’avait qu’à s’engouffrer.
Un nouveau tabou tombe
La pression est malheureusement assez forte pour que la présidente sortante de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, tête de liste de la droite européenne, le Parti populaire européen, évoque le 29 avril la possibilité d’une alliance avec Giorgia Meloni. un responsable d’extrême droite du gouvernement italien. Le parti de ce dernier siège au Parlement européen au sein de l’une des deux factions qui accueillent les eurosceptiques et les europhobes, l’autre étant celle qui rassemble notamment Geert Wilders et Marine Le Pen.
L’accord de coalition aux Pays-Bas, l’un des pays fondateurs du projet européen, fait tomber un nouveau tabou qui ne peut être déplacé que par Valérie Hayer, présidente du groupe Renew au Parlement européen, qui compte parmi ses élus ceux des Pays-Bas. centre droit. La tête de liste du camp d’Emmanuel Macron aux élections européennes voit bien le piège. Entre forces politiques qui se combinent ici tout en combattant là, la confusion est en effet totale. Pour le plus grand bénéfice de ceux qui restent des ennemis déterminés des ambitions européennes.