CONTRECette semaine n’est pas une semaine comme les autres pour Alexis Persillon. Pour ce Landais de 25 ans, et pour chacun des disciples de San Fermín, ce matin d’un dimanche 7 juillet est même le premier matin d’une nouvelle année que l’on célèbre depuis le midi de la veille et l’ouverture des festivités de Pampelune.
CONTRECette semaine n’est pas une semaine comme les autres pour Alexis Persillon. Pour ce Landais de 25 ans, et pour chacun des disciples de San Fermín, ce matin d’un dimanche 7 juillet est même le premier matin d’une nouvelle année que l’on célèbre depuis le midi de la veille et l’ouverture des festivités de Pampelune.
« Le premier encierro de Pampelune est le moment que j’attends et auquel je pense d’un mois de juillet à l’autre », avoue le jeune homme, qui vit à Dax et est membre du Cercle taurin des jeunes aficionados (CTJA). Quand d’autres s’enivrent en Navarre, Alexis Persillon fait partie de ces capitaines Achab qui, chaque matin de cette semaine de juillet, affrontent des Moby Dicks noirs et cornus pour capter leur attention quelques instants.
« Cet animal, le taureau de combat, me fascine. Pouvoir courir au plus près de lui, entrer en contact avec lui, c’est ça que je recherche. La fête… Il y a le reste de l’année pour le faire. » Adolescent, Alexis Persillon a tenté d’affronter ce taureau, à la muleta lors de quelques fiestas camperas, avant de comprendre qu’il lui suffirait de suivre son galop pour s’épanouir.
Anniversaire
Le Landais a ainsi laissé ses regrets à d’autres pour se lancer dans la course d’encierros, aux côtés de son père, Vincent, lui-même adepte de la pratique et parmi les premiers membres de l’Association française des coureurs d’encierros. « C’est une année particulière pour moi, 2024, ça fait vingt ans que je viens à Pampelune », plaisante le jeune homme de 25 ans.
« Ma première course de taureaux à Pampelune, c’était aussi avec mon père, après avoir commencé à courir devant les petits veaux dans les fêtes de village. » C’était le 13 juillet 2016, avec des taureaux de Nuñez del Cuvillo et en cachette de sa mère, Véronique. « Le plus grand coup émotionnel est arrivé l’année suivante, le 9 juillet 2017, avec un ciel aussi gris que les taureaux de José Escolar et une première course de taureaux en solitaire. »
« Quand les mitrailleuses des taureaux poussent devant eux un torrent d’hommes, chacun sait où il en est. »
Depuis, Alexis Persillon n’a cessé d’inscrire sa foulée dans celle de « la confrérie des coureurs de Pampelune », ce groupe informel qui choisit les siens pour l’esprit et l’âme dont ils font preuve durant ces 800 mètres de peur et d’exaltation. Quand la mitrailleuse des taureaux pousse devant lui un torrent d’hommes, chacun sait où il en est avec lui-même.
« Dans l’esprit »
« Une corrida est un jeu mental. » L’anxiété qu’elle génère est programmée comme une bombe, avec un rituel quotidien qui se distille jusqu’au 14 juillet. « On sait qu’un accident peut arriver. Ça ne sert à rien d’y penser trop longtemps. Quand les taureaux arrivent, tout le monde a le droit d’être là. Il faut faire avec. On sait qu’il va falloir se faire une place parmi les autres coureurs et ces gens qui veulent vivre la corrida sans savoir ce que c’est. »
Au cours de ses courses quotidiennes à Pampelune depuis San Fermín 2018, Alexis Persillon a appris à zigzaguer à travers la foule et à briller dans l’un des tronçons les plus spectaculaires du parcours : l’angle à 90 degrés formé par la fin de la rue Mercaderes et le début de la rue de la Estafeta. « On arrive d’une rue large et lumineuse et on doit entrer dans une rue étroite et sombre. C’est effrayant. Mais après, c’est du pur bonheur. »
« Nous savons qu’un accident peut arriver. Il ne sert à rien d’y penser trop longtemps. »
Alexis Persillon ne recherche rien d’autre. La montée d’adrénaline, le sentiment d’être pleinement et complètement vivant, dans les moments qui suivent l’encierro et un petit-déjeuner pris au bar à baies El Mentidero, où les propriétaires le voient grandir.
Le Landais fait partie de ceux qui courent, non pas l’encierro, mais les toros. Pas besoin d’un maillot fluo pour se faire remarquer dans les retransmissions télévisées. « Je ne cherche pas à me faire remarquer. Je porte un pantalon et une chemise blanche. Et j’enlève même mon foulard pour le glisser dans ma poche. J’accroche dessus le pin’s de chaque San Fermín auquel je vais… Il commence à peser lourd. »