Aux Etats-Unis, un protectionnisme XXL en vue dans l’automobile
L’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche suscite de nombreuses interrogations dans le monde automobile. Beaucoup se demandent quelles seront les politiques et les priorités du nouveau président américain. Un point cependant fait l’unanimité : son administration devrait privilégier, par tous les moyens, le « made in USA ». « On peut s’attendre à être dans une logique pro-business et pro-américaine »» déclare Guillaume Crunelle, associé et spécialiste automobile chez Deloitte. Cela évoque la perspective de« un renforcement des taxes à l’importation » et« une forme de protectionnisme envers les pays qui ne produisent pas aux Etats-Unis ».
Pour les constructeurs américains comme General Motors, Ford ou Stellantis, « L’objectif de Donald Trump est clair : il s’agit de solidifier, prioriser et protéger la production et l’emploi aux États-Unis. », poursuit-il. Alexandre Marian, directeur associé chez AlixPartners, réfléchit à des mesures et aménagements pour soutenir les usines et augmenter les salaires des ouvriers. Il prend comme exemple la réduction du tarif des heures supplémentaires, souvent évoquée par Donald Trump. » Cela réduirait le coût du travail et de la production, et augmenterait donc la compétitivité des usines. », précise-t-il.
Contrer toute délocalisation
Dans le même temps, Donald Trump a indiqué qu’il serait particulièrement sévère concernant certains projets de relocalisation. Il y a cinq jours, lors d’un discours à Warren, dans le Michigan, il avait menacé Stellantis de taxes élevées si le constructeur décidait d’augmenter sa production au Mexique. « Dites à Stellantis que s’ils envisagent de déménager, nous leur facturerons 100 % de droits de douane sur chaque voiture »dit-il. Donald Trump a également indiqué vouloir réviser l’accord de libre-échange entre les États-Unis, le Mexique et le Canada (AEUMC).
L’administration Trump devrait sans aucun doute poursuivre l’offensive américaine contre la Chine. Les États-Unis appliquent déjà des droits de douane de 100 % sur les véhicules électriques importés de l’Empire du Milieu. Donald Trump a déclaré qu’il pourrait les durcir pendant la campagne. « Cela n’aurait aucun effetaffirme Alexandre Marian. Les droits de douane actuels sont déjà assez élevés et le marché américain reste fermé aux constructeurs chinois. »
La question du soutien aux voitures électriques
Les industriels européens, notamment allemands, qui exportent beaucoup vers les Etats-Unis, pourraient eux aussi payer le prix de mesures protectionnistes. « Le plus exposé est Porsche, puisque toute leur production est basée en Allemagne »précise Michaël Foundoukidis, analyste chez Oddo BHF. Ce n’est pas le cas de Stellantis, qui possède notamment la marque Chrysler, et produit au pays de l’Oncle Sam. Renault, de son côté, n’est pas présent aux Etats-Unis.
Une grande incertitude concerne la politique américaine à l’égard des voitures électriques. Donald Trump, qui les considère comme « arnaque verte »a, appelés à plusieurs reprises pour mettre un terme à leur promotion. Le nouveau président des États-Unis a notamment indiqué vouloir l’abrogation de l’Inflation Reduction Act (IRA), ce plan de 400 milliards de dollars mis en place par l’administration Biden pour la transition écologique. Cette enveloppe vise notamment à soutenir les constructeurs de voitures électriques aux Etats-Unis, tout en stimulant l’offre.
Trump ne devrait pas jouer contre Musk
« Il sera potentiellement il y a de vraies questions sur la pérennité des aides d’État aux véhicules électriques”affirme Guillaume Crunelle. Alexandre Marian estime, de son côté, qu’il serait « surprenant » que Donald Trump enterre l’IRA. Ce plan apparaît « dans son logiciel de subvention »poursuit-il, en favorisant les investissements aux Etats-Unis. En revanche, Donald Trump a bénéficié du soutien, que beaucoup jugent décisif, d’Elon Musk. On imagine mal le nouveau président entraver la volonté du propriétaire de Tesla de vendre ses voitures électriques au pays de l’Oncle Sam.