aux États-Unis, les femmes qui souhaitent avorter font face à une pression croissante des anti-avortement et de la loi
Publié
Mis à jour
Durée de la vidéo : 8 minutes
L’avortement est devenu illégal ou fortement réglementé dans plusieurs États depuis une décision de 2022 de la Cour suprême, qui a pris un virage conservateur sous Donald Trump. Le droit à l’avortement est l’un des enjeux de l’élection présidentielle.
Ils attendent des patientes à partir de 5 heures du matin. Une poignée de militants saluent les femmes qui tentent d’avorter dans une petite clinique de Floride avec des slogans anti-avortement. « Ne soyez pas une meurtrière, ne devenez pas la mère d’un enfant assassiné »lance l’un d’entre eux, dans un Etat au droit déjà très restrictif, car l’avortement n’est autorisé que jusqu’à six semaines, depuis une réforme d’avril 2023 autorisée par un arrêt de la Cour suprême. La scène illustre la difficulté croissante d’interrompre une grossesse aux États-Unis, un sujet devenu un enjeu majeur lors de l’élection présidentielle du 5 novembre.
Robert, l’un des militants anti-avortement, considère déjà la législation de Floride trop permissive. « Il faut se demander qui a raison : est-ce l’État de Floride ou est-ce Dieu ?demande le jeune homme, qui n’a aucun doute sur la réponse : « C’est Dieu, absolument. Cependant, la question divise même parmi les croyants. Devant la clinique, un groupe de bénévoles accueille des patients à la demande de leur église : « Nous essayons de mettre notre foi en action, mais différemment »défend l’un d’eux.
La réduction du délai légal pour avorter a des conséquences très concrètes pour les femmes vues dans cette clinique : « Si je n’étais pas venue ce week-end, je n’aurais pas pu avorter en Floride, j’aurais dû aller dans un autre État »explique Abigaïl. « Il est si tôt que tu n’as même pas le temps de réfléchir. » Le jeune patient, qui espère un assouplissement de la loi, estime que tout dépendra du résultat de l’élection présidentielle : « Je prie pour que Trump ne soit pas élu. »
En Alabama, l’avortement est devenu illégal, même en cas de viol ou d’inceste. Alyssa Gonzales, une jeune mère de famille, a dû quitter l’État. Alors qu’elle était enceinte de quatre mois, la jeune femme apprend que son fœtus est atteint du syndrome de Down, une maladie mortelle à laquelle l’enfant n’a aucune chance de survivre. Les médecins lui expliquent « qu’ils ne pouvaient pas provoquer le travail : cela équivaudrait techniquement à un avortement ».
Alyssa, de plus en plus malade, risquait de souffrir de septicémie. Elle a dû se rendre à Washington, à 15 heures de route de chez elle, pour subir un avortement d’urgence. « J’étais dans une salle pleine de femmes, on était entassés comme des sardines »elle se souvient. « J’étais plus qu’en colère. (…) J’ai dû quitter mon état pour qu’un médecin puisse me soigner. »
La jeune femme et son compagnon n’étaient pas de fervents démocrates, mais leur expérience traumatisante a ébranlé leurs convictions politiques. « Avant, j’aurais voté pour des valeurs conservatrices, mais cette expérience a changé ma perspective »explique le jeune homme. « Maintenant, je vais vraiment réfléchir à pour qui voter. ». Alyssa semble avoir fait son choix : « Franchement, je ne pensais pas aller aux urnes. Mais avec tout ça, il faut que les choses changent. Et Kamala me semble plutôt bien ».
Regardez le rapport complet dans la vidéo ci-dessus.