Restez anonyme en activant le « incognito » n’était pas garanti. Google s’est engagé à détruire les données collectées sur plus de 136 millions d’internautes américains ayant utilisé le navigateur Google Chrome en ayant activé cette option, appelée « navigation privée » en français, selon un accord rendu public lundi 1euh avril. Cette dernière vise, pour l’entreprise, à mettre un terme aux procédures engagées en juin 2020 à son encontre. Ce recours collectif accusait le numéro un mondial de la publicité numérique d’avoir induit les internautes en erreur sur la manière dont Chrome traquait les personnes grâce à son option, censée garantir le caractère privé de la navigation.
« Les efforts des plaignants ont permis d’obtenir des aveux clés de la part des employés de Google, y compris des documents décrivant »incognito» comme « un mensonge dans la pratique », un « problème d’éthique professionnelle et d’honnêteté fondamentale » et un « gâchis déroutant » », racontent les avocats dans l’accord, déposé lundi devant un tribunal de San Francisco. S’il est approuvé par la juge Yvonne Gonzalez Rogers en juillet, Google évitera un procès mais devra « supprimer et/ou corriger des milliards d’enregistrements de données » collectés lors de la navigation en ligne auprès de personnes utilisant le « incognito « .
Google a également entrepris de reformuler » immédiatement « l’avis qui apparaît pour cette option, afin de« informer les utilisateurs qu’il collecte des données de navigation privées ». Lorsque cette option est activée, l’entreprise doit également bloquer par défaut les cookies tiers, logiciels utilisés notamment pour suivre les utilisateurs en ligne et les cibler avec de la publicité. Google a déjà entamé sa transition vers la fin de ces cookies très critiqués.
L’accord ne prévoit pas le versement d’indemnisations, alors que la plainte déposée en 2020 réclamait 5 milliards de dollars. Cependant, cela laisse la possibilité aux utilisateurs de Chrome qui se sentent lésés de poursuivre séparément l’entreprise pour de l’argent.
« Nous sommes heureux de mettre fin à des procédures que nous avons toujours considérées comme infondéesa déclaré Jorge Castaneda, porte-parole de Google. Nous sommes heureux de supprimer les anciennes données techniques qui n’ont jamais été associées à des individus et qui n’ont jamais été utilisées pour une quelconque forme de personnalisation. » La plainte initiale accusait Google de « transformé en une mine d’informations inexplicables, des informations si détaillées et si vastes que même George Orwell n’aurait jamais pu l’imaginer ».
Les prochains mois s’annoncent chargés pour Google sur le plan juridique aux Etats-Unis. L’entreprise est également poursuivie en justice par le ministère de la Justice et une coalition d’États américains qui l’accusent de violer le droit de la concurrence sur le marché de la publicité en ligne. Google est également accusé d’avoir « maintenu illégalement un monopole dans la recherche en ligne », grâce à des accords passés avec des fabricants de smartphones. Sur cet aspect, un premier jugement est attendu d’ici mi-2024.