Les jeunes générations sont-elles plus susceptibles de souffrir d’un cancer que celles qui les ont précédées ? Cette question est un sujet de conversation fréquent dans le public, mais elle est également au cœur d’une intense activité de recherche récente. Une étude d’une ampleur sans précédent, publiée dans le numéro d’août de la revue Santé publique de The Lancetpermet de répondre à cette question pour le cas spécifique des États-Unis : selon ses auteurs, dirigés par l’épidémiologiste Hyuna Sung (American Cancer Society), plusieurs formes de la maladie deviennent de plus en plus courantes chez les jeunes.
Pour les Américains nés dans les années 1980 et 1990, le risque de contracter un cancer serait ainsi plus élevé que dans les générations précédentes pour 17 cancers (sein, pancréas, rein, côlon, intestin grêle, leucémie, thyroïde, myélome, etc.). A l’inverse, pour une dizaine de cancers – souvent liés au tabagisme – le risque diminue chez les plus jeunes.
Spécifiques à la situation outre-Atlantique, ces résultats ne sont pas extrapolables au reste du monde, mais plusieurs pathologies cancéreuses voient leur incidence augmenter chez les moins de 50 ans dans de nombreux pays, parfois aussi en raison de diagnostics plus précoces. Signe de l’inquiétude des communautés scientifiques et médicales, le nombre d’études publiées sur les « cancers précoces » (cancers à début précoce) a presque doublé au cours des cinq dernières années.
Hyuna Sung et ses coauteurs ont analysé l’incidence et la mortalité (le nombre de nouveaux cas et de décès par an, pour 100 000 personnes) de 34 cancers par année de naissance. Ils ont utilisé les données des registres nationaux du cancer et du National Center for Health Statistics aux États-Unis, qui ont recueilli des informations sur plus de 23 millions de patients touchés par la maladie entre 2000 et 2019. Ils ont ensuite estimé, à partir des données disponibles, la fréquence et la mortalité de chacune de ces pathologies tout au long de la vie, par année de naissance de 1920 à 1990.
Diagnostic amélioré
« Pour 8 de ces 34 cancers, nous constatons que le risque augmente pour chaque cohorte de naissance successive, à commencer par celle née en 1920 (aux États-Unis), écrivent les chercheurs. En particulier, l’incidence chez les femmes et les hommes est environ deux à trois fois plus élevée dans la cohorte de naissance de 1990 que dans la cohorte de naissance de 1955 pour les cancers (…) rein (+192%) et le pancréas (+ 161 %) et chez les femmes pour le cancer du foie et des voies biliaires (+ 105%). »
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