aux Etats-Unis, ces électeurs qui ont toujours voté républicain ne veulent plus de Donald Trump
L’élection présidentielle s’annonce si serrée que les deux candidats tentent de tendre la main aux indécis même dans le camp opposé.
Publié
Temps de lecture : 5min
Aux États-Unis, certains électeurs voteront démocrate pour la première fois le 5 novembre. L’issue de l’élection présidentielle est très incertaine. Le vote se jouera notamment dans les Etats pivots, ceux qui peuvent basculer du côté démocrate ou républicain, les « swing states » que sont l’Arizona, le Nevada, la Géorgie, le Michigan, le Wisconsin, la Caroline du Nord et la Pennsylvanie. Et pour convaincre le plus d’électeurs possible, les partisans de Kamala Harris se tournent vers les anciens électeurs de Donald Trump qui appellent désormais à voter démocrate.
C’est une initiative de la stratège conservatrice Sarah Longwell. Elle a mis en place les électeurs républicains contre Trump, financé par un comité d’action politique qui a dépensé plus de 10 millions de dollars pour une tournée en bus de la Pennsylvanie et du Michigan, deux des États clés, avec une vingtaine de ces républicains qui ne veulent pas voir le 45e président devenir. le 47ème.
C’est le cas de Kyle Sweetser, 35 ans, il vit à Mobile, en Alabama, à l’extrême sud du pays et possède son entreprise de construction. Il a voté pour Trump en 2016 et de nouveau en 2020, mais « en se bouchant le nez »comme il le dit. Il votera pour Harris la semaine prochaine et pourtant c’est un pur républicain : « Je viens d’une famille, d’un milieu, d’une région, d’un mode de vie républicain. J’habite au bord d’un chemin de terre que le gouvernement n’entretient pas et dont je dois entretenir avec mon propre matériel, dit-il. J’ai des armes. J’en ai des tonnes, plus d’armes que de membres de ma famille ! Mes enfants sont scolarisés à la maison, en plus. Donc je vis vraiment comme un conservateur. Et si l’on considère le bilan de Trump en ce qui concerne ce qui serait considéré comme républicain, il nous a largement laissé tomber.» Et à force d’exprimer haut et fort ses convictions, Kyle Sweetser reçoit des menaces de mort, notamment sur le téléphone portable de sa femme.
« Quand il s’agit de politique étrangère, économique et commerciale. Ce n’est ni un conservateur, ni un républicain. »
Kyle Sweetser, républicain de conviction qui votera démocratesur franceinfo
Autre profil, très éloigné du style de vie de Kyle, celui de Jennifer Weinstein, avocate new-yorkaise de 60 ans, comme Kamala Harris. Elle a également voté pour Trump en 2016, mais pour Biden en 2020, en raison de la xénophobie de l’ancien président. « J’ai fait du porte-à-porte en Pennsylvanie et je pense que ses partisans sont racistes.dit-elle. On revient toujours à une histoire de collusion, il n’y a rien de tangible. Je voterai pour Kamala Harris. Je dois être honnête : je ne sais pas si je lui fais confiance à 100 %. Mais je ne fais certainement pas confiance à Donald Trump.»
Beaucoup de ces républicains qui ne voteront plus pour Donald Trump assurent que c’est l’assaut du Capitole le 6 janvier 2021 qui a marqué un tournant. Cet événement était littéralement insupportable pour Dave McHenry, 64 ans, qui vit à St Louis, dans le Missouri. Il a passé 23 ans dans l’armée avant de mettre son expertise en sécurité au service d’une entreprise aérospatiale. Il a voté républicain depuis Reagan, Trump en 2016 et 2020. « J’ai prêté serment de faire respecter la Constitution des États-Unis, en tant que sous-officier, contre tous les ennemis, étrangers et nationaux. Trump, le 6 janvier, s’est montré une menace pour ma Constitution.« , assure le vétéran.
« Il est une menace existentielle pour ce pays »
Dave McHenry, ancien soldat américainsur franceinfo
Beaucoup de ces républicains qui veulent bloquer l’ancien président expriment leur consternation face à l’influence du camp « Maga » de Trump (« Make America great Again ») sur le parti. Ils parlent aussi des conséquences sur leur famille, où on ne se parle plus, ou ne parle plus de politique.
C’est le cas de Rebecca Foster et de sa mère. Rebecca travaille pour le bureau du procureur du comté de Nassau, dans le nord de la Floride. Ses trois enfants sont adultes et elle attend désormais deux choses : pouvoir quitter son comté très républicain et que le parti se reconstruise. « Le Parti républicain a bien plus de problèmes que Donald Trump. Il faudrait qu’une grande partie de son système de valeurs évolue pour que je vote à nouveau avec eux. Pour moi, il ne faut pas se marcher sur les pieds pour réussir », explique-t-elle. Jusqu’à ce que ce type d’idéologie disparaisse de leur parti, je serai probablement démocrate. Ou un progressiste qui vote avec les démocrates. Rebecca votera donc pour Harris mardi prochain, pour que Trump perde et pour que le Parti républicain, traditionnellement modéré, puisse entamer sa reconstruction.