Aux barrages, de jeunes manifestants réclament « la démission de tous les élus, loyalistes et indépendantistes »
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Alors que le CCAT a appelé à une réduction de la mobilisation, les jeunes Kanaks ne comptent pas relâcher la pression et restent mobilisés aux barrages.
Les opérations de sécurité se poursuivent en Nouvelle-Calédonie. Sept personnes, dont deux policiers, sont mortes. 136 policiers et gendarmes ont été blessés et près de 535 individus interpellés depuis le début des émeutes, selon le Haut-commissariat de la République. Dans plusieurs quartiers de Nouméa, les jeunes entendent poursuivre la mobilisation jusqu’au bout sans tenir compte des consignes du CCAT, qui appelle à un ralentissement. C’est notamment le cas à Rivière Salée, un quartier populaire du nord de Nouméa où plusieurs dizaines de jeunes tiennent encore les barrages.
A l’entrée du barrage, le premier visage est entièrement cagoulé, lunettes de soleil aux pieds. « Le plus important, c’est que les ambulanciers viennent. A 18 heures, on bloque, personne ne passe. » explique Jokes, 39 ans, au chômage. Un adolescent potelé défile devant des drapeaux kanak plantés dans des épaves de voitures. Sur lui, un gilet pare-balles « La police locale », le commissariat local a été pillé la semaine dernière. Sur place, Laly représente le CCAT, la cellule de coordination des actions de terrain à Rivière Salée.
« On est là pour gérer un peu la jeunesse car ils sont tellement nombreux qu’il est difficile de les contenir. »
Laly, représentante du CCATsur franceinfo
« Il y a un nouveau slogan qui a été lancé pour laisser la police faire son travail. Nous ne répondons pas, mais la mobilisation demeure. » rapports Laly.
Avec de longues dreadlocks et des yeux de feu, Abraham travaille normalement dans le bâtiment. « Donc, pour le moment, mon travail, c’est la ville. J’y consacre toute ma vie, toute mon énergie et toutes mes journées. », confie-t-il. Et sa première affirmation est « la démission de tous les élus, loyalistes et indépendantistes. Tous dans le même panier, nous voulons que tout le monde démissionne. Il faut laisser la jeunesse s’exprimer. » Il a 28 ans et a beaucoup de choses en tête.
« Nous savons qu’ils ont combattu dans les mouvements indépendantistes, mais maintenant, après 40 ans, qu’avons-nous ? Rien. »
Abraham, un jeune Kanak sur les barragessur franceinfo
« Ils ne sont pas là tous les jours avec nous. On dort sur les barrages, on vit sur les barrages. Ce sont des intrigants, ils ont trop d’intérêts personnels, des intérêts qu’on ne connaît pas mais pour lesquels eux, ils se battent », dénonce Abraham. « Le dégel de l’électorat n’est que du discours, nous voulons agir. Tout ce que nous voulons, c’est que nous soyons reconnus ici. Il y avait des rois ici. Nous voulons l’abandon à la place de tout cela, de notre culture, de la hiérarchie kanak, des grands chefs », ajoute Abraham.
« Ce n’est pas à nous de nous remettre en question, c’est à l’envahisseur de se remettre en question. Quand on rentre chez les gens il faut se faire petit, on ne vient pas tout déranger et puis dire ‘non mais c’est eux, ils' ». ‘ils déconnent, ils sont stupides' », il proteste. Concernant les consignes du CCAT, Abraham est catégorique : « Il n’y a que nous qui avons le pouvoir de faire en sorte que cela se produise, eux n’en ont pas le pouvoir ». Il lève le poing et s’éloigne, car il est 18 heures et le couvre-feu vient de commencer.