Au bar
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Pendant trois jours, Alexandre Renault, 72 ans, comparaissait pour un fratricide commis en 2021. Les jurés se sont plongés dans un huis clos « hors du temps » entre trois frères qui vivaient en autarcie dans la campagne bretonne. L’accusé a été condamné jeudi 11 avril à 12 ans de réclusion criminelle.
Dans la maison du bout du monde, tout est gris. Les murs sont rongés par la tristesse qui forme de grands halos d’humidité, le sol est en béton brut, la lumière du plafond éclaire à peine les vieilles armoires en bois. La plus grande pièce s’appelait le « salon » car on y mange – sur une grande table recouverte d’une toile cirée –, on y cuisine – sur une vieille cuisinière à gaz –, on s’y réchauffe – au coin d’une cheminée avec un bouche béante de suie – et nous dormons là – dans deux lits aux couvertures décolorées. Dans l’autre, le toit est partiellement effondré, le ciel s’invite donc à l’intérieur et les animaux de la ferme aussi, slalomant entre deux lits et un établi couvert d’outils. La maison du bout du monde est perdue dans un hameau du Centre Bretagne. Avec sa façade de vieilles pierres parsemée de plantes saxicoles et sa porte bleu vif, il semble murmurer « il était une fois ». Le 19 mai 2021, vers minuit, des gendarmes longent l’écurie, dépassent l’épave d’une voiture rouillée et s’arrêtent devant la porte d’où dépassent deux jambes inertes chaussées de bottes. Claude Renault avait 78 ans.
« Les trois frères n’arrivaient pas à s’entendre »
Il était une fois trois frères qui ne vivaient pas en phase avec la société. Dans la campagne environnante, nous connaissions bien les trois Renault, « personnages ». Ils étaient « coincé dans les années 30 », Dans « le monde d’avant », ils ont dit, en autosuffisance dans leur ferme de Coëcard, à 30 kilomètres au sud de Lamball