La galerie Les Amies Rouges, à Paris, vous invite à découvrir le travail d’Arlette Cohen-Rosa, qui a travaillé pour la presse communiste. En 1954, elle part faire un reportage en Chine pendant les cinq années de la révolution.
Publié le 24 juin 2024
Mis à jour le 24 juin 2024 à 16h00
Publié le 24 juin 2024
Mis à jour le 24 juin 2024 à 16h00
Arlette Cohen-Rosa-Lameynardie fait partie de ces femmes photographes dont le travail est méconnu. Elle est actuellement présentée à la galerie Amies Rouges, grâce à la persévérance et aux choix d’Emmanuelle Simon et d’Agnès Schwab.
Née en 1930 à Paris, elle est décédée en février 2024. Juive, elle fut cachée pendant la Seconde Guerre mondiale, ce qui la sauva de la déportation. A la Libération, elle s’intéresse à la photographie, mais ne démarre réellement sa carrière que vers 1948.
C’est sans doute son appétit pour la vraie vie, la vie sociale, son désir de montrer ce qu’on ne montre pas habituellement (les ouvriers, les gens ordinaires, etc.) qui l’ont fait graviter vers la presse communiste. Humanitébien sûr, mais aussi Ce soir et le magazine Salutations, pour lequel elle a réalisé au moins deux rapports qui ont été publiés. Pour la première fois, en 1954, elle se rend en Chine, à l’occasion du 5e anniversaire de la révolution.
Il est largement publié en deux numéros (n° 387 et n° 388) avec une centaine d’images. De quoi faire rêver les photojournalistes d’aujourd’hui. La seconde a été réalisée en Union Soviétique, en 1957, pour le 40e anniversaire de la Révolution d’Octobre (n° 423).
Elle n’avait que 24 ans lors de ce voyage en Chine
Emmanuelle Simon et Agnès Schwab ont encouragé le voyage en Chine parmi les nombreuses images de ces deux reportages, conservées dans le fonds photographique de Humanité, déposé en 2004, et numérisé par les archives départementales. C’est ici que travaille Maxime Courban, archiviste-iconographe. « Dans ce fonds, il y a beaucoup de perles »il a dit dans Martinique, les yeux ouvertsun documentaire réalisé par Virginie Berda, co-écrit avec Arlette Pacquit (2003), autour de la figure d’Arlette Lameynardie à partir de son installation sur l’île, patrie de son mari.
Un documentaire qui, justement, rappelle l’engagement anticolonial de la photographe tout au long de sa vie. « Il y a eu une surprise esthétique » à la vue des photos de celle qui était alors Arlette Cohen-Rosa, l’avoue-t-il. « J’ai été émerveillé par l’apport esthétique des images, par l’apport très clair de la photographie humaniste. » Il évoque même à juste titre les photos de l’artiste soviétique Alexandre Rodchenko.
En fait, cette œuvre s’inscrit dans une lignée photographique. Celle de Cartier-Bresson ou de Robert Capa (qui a également travaillé pour la presse communiste), qui préféraient capturer les moments essentiels, significatifs de la vie quotidienne, dans la rue, au travail ou à la guerre. Mais ce qui frappe le plus, c’est la force de la composition.
Arlette Cohen-Rosa n’avait que 24 ans lors de ce voyage en Chine et possédait déjà ce regard qui lui permet de saisir la disposition idéale, de la place des personnages aux lignes de fuite, et d’appréhender une scène à travers des gestes et une lumière. . Une petite fille assise, lisant un livre ; des provinciaux qui s’inscrivent à leur arrivée à Pékin… Ces photos en noir et blanc ont cette force : elles racontent une histoire en elles-mêmes. On est soudain plongé dans un nouveau monde, les personnages prennent vie et, comme dans un rêve, on commence à imaginer leur vie.
« Chine 1954 – Arlette Cohen-Rosa – Femme photographe », jusqu’au 7 septembre, à la galerie Amies Rouges, 10, rue Domat, Paris 5e. Rens. : lesamiesrouges.fr
Avant de partir, une dernière chose…
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