L’angoisse de l’autonomie, plus ou moins rationnelle, est un sentiment que les conducteurs de véhicules électriques doivent apprendre à gérer. Utiliser un tel véhicule crée une contrainte supplémentaire par rapport à l’utilisation d’une voiture à moteur thermique ou hybride : programmer la recharge de la batterie et gérer les trajets imprévus et les longs trajets. Mais cette angoisse de l’autonomie, qui est l’un des freins majeurs à l’achat de véhicules électriques, avec leur coût, est d’autant plus problématique que la publicité mensongère constante des constructeurs sur leur autonomie réelle et les progrès des batteries fait naître de faux espoirs. Cela explique notamment pourquoi, selon une étude du cabinet McKinsey, 29 % des propriétaires de véhicules 100 % électriques dans le monde souhaitent revenir à la combustion.
Des chiffres officiels qui ne correspondent en rien à l’usage réel
Dans ce domaine, un peu d’honnêteté et même des sanctions contre les mensonges flagrants seraient plus efficaces pour convaincre les acheteurs et leur permettraient de mieux gérer l’angoisse de l’autonomie. D’autant que les chiffres officiels posent trois problèmes. Tout d’abord, ils sont extrêmement « optimistes » sur l’autonomie théorique en usage normal compte tenu d’une procédure de test très discutable. Ensuite, ils ne prennent pas en compte la réalité de l’utilisation d’un véhicule électrique dans des situations réduisant considérablement son autonomie (autoroute, montagne, chaleur extrême, grand froid, etc.). Enfin, ils ne prennent pas en compte le fait que personne en usage normal ne ramène une batterie chargée de 100% à 0%. Il est de bon conseil pour limiter l’angoisse de la recharge et préserver la durée de vie de la batterie de ne pas la laisser descendre en dessous de 15-20% de charge et de ne pas la charger systématiquement au-delà de 80%, ce qui prend aussi beaucoup de temps pour les derniers pourcentages. Cela signifie que la charge utile de la batterie est d’environ 60 à 70% de son potentiel… réel. Enfin, on peut également souligner que la capacité de recharge réelle des batteries (la puissance de charge) est souvent nettement inférieure à celle annoncée.
De 559 à 155 kilomètres d’autonomie selon les conditions d’utilisation…
Pour donner une idée de l’impact des conditions de circulation sur l’autonomie, le magazine Que Choisir concluait dans une enquête publiée il y a trois mois qu’une Volkswagen ID.3 Pro S ID peut parcourir 155 kilomètres avec sa batterie vide dans des conditions défavorables (le véhicule est chargé et roule sur autoroute à 130 km/h par temps très froid avec le chauffage allumé) ou 559 kilomètres dans des conditions très favorables (un seul conducteur, un trajet urbain sans climatisation et une température extérieure douce).
L’enquête Que Choisir montre que le fameux cycle d’approbation WLTP (Procédure d’essai harmonisée à l’échelle mondiale pour les véhicules utilitaires légers La procédure d’essai mondiale harmonisée pour véhicules légers, qui détermine leur consommation de carburant et leur autonomie, est réalisée dans des conditions qui ne correspondent pas à une utilisation en conditions réelles. La voiture ne voit jamais la surface d’une route réelle. Elle est placée sur un banc à rouleaux pour simuler un trajet de 30 minutes. La vitesse moyenne est de 46,5 km/h avec une vitesse maximale de 131 km/h, une température extérieure de 14 °C au départ puis 23 °C et 52 % de parcours urbain.
Tous les constructeurs ne sont pas logés à la même enseigne
Comme l’écrit Que Choisir, « L’air et la résistance au roulement ne sont pas pris en compte puisque la voiture reste statique ! Pourtant, sur la route, ce sont deux facteurs qui ont une influence non négligeable sur l’appétit du moteur en fonction de la vitesse. Ensuite, les équipements – climatisation et chauffage notamment – ne sont pas activés. Ce sont également des systèmes énergivores. Enfin, la température extérieure peut faire varier l’autonomie de plus de 30%… « .
Résultat, les 25 voitures testées par Que Choisir ont enregistré des écarts de 8 à 30 % par rapport à la norme officielle WLTP. Ainsi, parmi les berlines, la prestigieuse norme Tesla Model 3, voiture favorite du marché, a enregistré une autonomie de 398 kilomètres au lieu des 554 annoncés par le constructeur, soit une différence de 28 %. Une Citroën ë-C4 est passée de 355 kilomètres officiels à 262 kilomètres mesurés, soit une baisse de 26 %. Parmi les compactes et bonnes élèves, la chinoise MG4, également très appréciée des acheteurs, est passée de 435 kilomètres à 392 kilomètres, soit une différence de 10 %.