aurons-nous une amende mardi ?
La réduction de la vitesse réduira-t-elle réellement le bruit ? Quel impact sur la pollution de l’air ? Y aura-t-il une voie réservée ? Serons-nous verbalisés à partir de mardi si nous dépassons les 50 km/h ? Toutes les réponses.
Il s’agit d’un ruban d’asphalte long de 35,04 km qui encercle la capitale française depuis plus d’un demi-siècle. La vitesse y a été progressivement réduite : à 80 km/h en 1993, 70 km/h en 2014 et 50 km/h, comme en ville, à partir de mardi. Cette décision controversée d’Anne Hidalgo vise à réduire le bruit et la pollution subis par plus d’un demi-million de riverains. Le périphérique parisien accueille désormais 1,2 million de véhicules quotidiennement.
Serons-nous verbalisés à partir de mardi si nous dépassons les 50 km/h ?
Depuis dix ans, la vitesse est limitée à 70 km/h sur cette autoroute urbaine. La vitesse moyenne de circulation diurne étant actuellement estimée à 37 km/h, la réduction à 50 km/h ne devrait avoir un impact majeur qu’à des heures impaires.
La mesure doit s’appliquer à partir de mardi après publication d’un arrêté municipal, le périphérique étant propriété de la mairie de Paris. Cela se fera section par section, pour être généralisé à l’ensemble du ring le 10 octobre, le temps de changer la signalétique.
« Nous n’allons pas infliger d’amendes aux automobilistes à partir du 1er octobre, il y aura une période de transition »assure le premier adjoint à la mairie de Paris, Patrick Bloche.
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Est-ce que cela réduira vraiment le bruit ?
La mesure vise avant tout à réduire les nuisances pour les 550 000 habitants de la bande de 500 mètres entourant le boulevard. Dont environ 30 000 vivant en première ligne, exposés au-delà des valeurs réglementaires fixées à 68 décibels, selon Bruitparif.
Avec une limite de 50 km/h, l’observatoire du bruit prévoit « un gain significatif de 2 à 3 décibels » lorsque la circulation n’est pas encombrée, explique à l’AFP sa directrice, Fanny Mietlicki. Donc principalement la nuit, lorsque les nuisances sonores sont les plus nocives pour la santé.
Pourrait-on choisir une autre solution que de baisser la vitesse ?
La présidente de la région Île-de-France Valérie Pécresse (LR) et le patronat francilien, opposés au passage à 50 km/h, ont proposé des revêtements routiers insonorisés, une fine couche de granulats contenant des micro-vides. qui piègent le son. Très efficaces, ils permettent d’économiser jusqu’à 7 décibels.
« Paris a déjà dépensé 18 millions d’euros pour insonoriser la moitié du périphérique »rétorque Dan Lert, adjoint environnemental à la mairie de Paris, chargé de la transition écologique. Outre leur coût, ces revêtements présentent l’inconvénient de perdre toute leur efficacité au bout de dix ans. La région Île-de-France s’est déclarée prête à financer la moitié (15 millions d’euros) de la pose de nouveaux revêtements d’insonorisation sur le périphérique, là où ils sont périmés.
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Quel impact sur la pollution de l’air ?
Le bénéfice de la réduction de la vitesse sur la qualité de l’air est plus complexe à mesurer car de nombreux facteurs entrent en jeu. Sur autoroute par exemple, rouler moins vite entraîne clairement une réduction significative des émissions de gaz toxiques.
Mais dans le cas du périphérique, des études sur des réductions de vitesse comparables ont montré des effets plus mitigés, voire néfastes, selon l’axe mesuré, concluait l’Agence de l’environnement (Ademe) dans une synthèse publiée en 2014.
Il faudra également mesurer si la nouvelle limitation provoque davantage d’embouteillages et de transferts de pollution vers d’autres itinéraires. Ou à terme, comme l’espère la mairie de Paris, une évolution vers d’autres formes de mobilité moins polluantes que la voiture.
Y aura-t-il une voie réservée ?
La mairie de Paris souhaite conserver la voie réservée (délégations d’athlètes, taxis…) mise en place lors des JO.
Il s’agirait de réserver la voie la plus extérieure du périphérique aux bus, aux taxis et au covoiturage de deux passagers ou plus. Objectif : réduire la « conduite autonome » sur un axe où plus de 80 % des véhicules transportent uniquement le conducteur, souligne la mairie qui souhaite à terme transformer cette autoroute en « boulevard urbain ».
Mais contrairement à la baisse de vitesse, la municipalité ne peut pas décider seule d’aménager cette voie. Des discussions « ouvertes » sont en cours avec la préfecture de police, indique Patrick Bloche.
Valérie Pécresse appelle de son côté à une expérimentation pour évaluer l’impact, craignant que « la suppression d’une voie de circulation générale n’entraîne une thrombose générale de l’Ile-de-France à ses portes ».
Or, la transformation de la voie réservée en voie réservée au covoiturage et aux transports en commun a été rejetée à plus de 80% lors d’une consultation.