Auriane Mallo-Breton en argent et sur les traces de la « Guêpe » Laura Flessel
Au terme d’une première journée de compétition d’escrime haute en couleur sous la nef du Grand Palais, Auriane Mallo-Breton est devenue samedi vice-championne olympique d’épée, marchant sur les traces de la » Guêpe « Laura Flessel, dernière médaillée d’argent individuelle française en 2004.
« C’est quand même une médaille olympique au Grand Palais, ça aurait pu être mieux mais c’est comme ça, je vais en profiter »a maintenu la tireuse française au sommet de son art à 30 ans.
Auriane Mallo-Breton est devenue samedi la quatrième escrimeuse française à remporter une médaille individuelle aux Jeux olympiques depuis l’ajout de l’arme au programme olympique à Atlanta en 1996, après Laura Flessel (or en 1996, bronze en 2000 à Sydney et argent en 2004 à Athènes), Valérie Barlois (argent en 1996) et Maureen Nisima (bronze en 2004).
Sa finale laissera cependant de gros regrets, car elle avait entamé sa quête de l’or olympique pour succéder parfaitement à Flessel, menant 7 touches à 1. Mais la numéro 1 mondiale, la Hongkongaise Vivian Kong Man Wai, est progressivement revenue pour égaliser à 10 partout. Toujours à égalité à la fin des trois dernières minutes, les deux escrimeuses se sont disputées la médaille d’or à mort subite, finalement remportée par Kong (13-12).
« C’est le jeu, je pense que c’était trop facile et donc je n’ai pas été assez prudent »observe la Lyonnaise félicitée par Emmanuel Macron à sa sortie de piste. « Elle a réussi à rester fidèle à son métier et à saisir toutes les opportunités. J’étais peut-être un peu trop dans le management. »
Tout au long de la journée, Auriane Mallo-Breton s’est produite au Grand Palais dans une ambiance digne d’un stade de football. Ses entrées sur scène, en haut de l’imposant escalier du monument parisien, lors des demi-finales et de la finale, ont été accompagnées de bruyants encouragements.
Avant le début de la compétition, les regards français étaient tournés vers Marie-Florence Candassamy, sacrée championne du monde en 2023 à Milan. Mais la dernière médaillée côté français était la Mallo-Bretonne, qui avait décroché l’argent aux Championnats d’Europe de Bâle mi-juin.
Effrayant au début
A 30 ans, la Lyonnaise connaît la période la plus faste de sa carrière, après avoir remporté sa première victoire en Coupe du monde en mai à Cali (Colombie), avant d’atteindre la finale des Championnats d’Europe à Bâle le mois dernier. Grâce à sa fin de saison canon, la gauchère est propulsée au 6e rang mondial à l’approche des Jeux olympiques de 2024.
Samedi, son tournoi a failli s’arrêter très tôt, dès le début, avec un huitième de finale mal engagé, alors qu’elle était menée au score au départ (5-0), puis à 19 secondes de la fin (13-10). Mais elle a réussi à arracher la mort subite pour finalement se qualifier in extremis (14-13) à la minute de la prolongation face à l’Ukrainienne Dzohan Bezhura.
Son parcours a ensuite été jalonné de moments forts comme sa demi-finale toute en maîtrise face à la Hongroise Eszter Muhari (15-9), faisant la différence dans la troisième et dernière période de trois minutes, lorsque les deux escrimeuses étaient à égalité (6-6).
Litiguée en région parisienne à Saint-Gratien, Mallo-Breton a fait preuve d’une extrême concentration, n’explosant pas complètement de joie après sa victoire en demi-finale, alors même qu’elle venait de décrocher une médaille et de mettre ainsi fin à 20 ans de sécheresse de l’épée féminine française aux Jeux en compétition individuelle.
Seule l’éclairage du Grand Palais la distrayait un peu, jouant tout le tournoi avec une bande de ruban adhésif collée au sommet de son masque après des premières touches compliquées. Et une baisse de concentration fatale qui lui coûta le titre suprême.
Dans trois jours, le 30 juillet, elle tentera de briller dans l’épreuve par équipes avec ses coéquipières Candassamy et Coraline Vitalis, arrêtées en huitièmes de finale samedi, et Alexandra Louis Marie, remplaçante. Par le passé, c’est collectivement que l’épée féminine française s’est remise en selle après la retraite internationale de Flessel, avec des titres européens en 2017, 2018, 2022 et 2023.