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« Aujourd’hui, je n’ai plus peur du qu’en-dira-t-on. »

Lorsqu’elle arrive à la gare de Lille Flandres, sa célèbre coupe courte est dissimulée sous une casquette presque trop grande pour son visage délicat. Pas de talons hauts ni de foulard à sa taille, au milieu de la foule des voyageurs, elle tente de passer inaperçue. En vain. On entend des murmures alentour : « N’est-elle pas Miss France ? » Mais la principale concernée fait comme si elle n’avait rien entendu. C’est qu’elle a pris l’habitude, depuis six mois, de s’autoriser de brefs moments sans selfies dans un emploi du temps rempli de séances d’autographes.

Si elle fait encore face à des critiques sur les réseaux sociaux, de la part d’anonymes auxquels elle ne prête que peu d’attention, en réalité, lorsqu’un jeune homme l’interpelle dans un café donnant sur la Grand-Place, c’est pour la féliciter d’incarner cette reine de beauté différente et déterminée. Un statut qu’elle n’avait pas du tout anticipé, mais qu’elle accommode avec une certaine maturité, elle qui fête ses 21 ans le 9 juillet prochain.

Vous avez récemment fêté sur les réseaux sociaux les six mois de votre élection. Cette étape de mi-mandat était-elle importante pour vous ?
Ève Gilles. Je ne le vois pas forcément comme une étape importante, mais c’est le cas pour tous ceux qui me soutiennent, l’organisation, les médias, les fans… Pour moi, c’est simplement la continuation de mon année. C’est comme quand je fête mon anniversaire, je ne le vois jamais comme une étape de la vie.

Durant ses six premiers mois, une Miss France se consacre à sa tournée régionale, puis les six mois suivants sont dédiés au suivi des élections régionales, avec celles qui seront candidates à Miss France l’année prochaine. Comment abordez-vous cette étape, alors que les regards se tournent déjà vers votre future remplaçante ?
J’aime beaucoup accompagner et aider les nouvelles candidates. Par exemple, j’ai créé un groupe Instagram pour ajouter chaque nouvelle Miss régionale, afin qu’elles puissent communiquer entre elles et que je puisse les aider aussi. Cela nous permet d’initier la cohésion dans la nouvelle promotion dès le début et qu’elles comprennent que je suis là pour elles.

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Quels conseils leur donnez-vous ?
L’exercice des élections régionales est quelque chose que j’adore, car j’adore la scène. Cela peut être plus difficile pour certaines filles, comme simplement tenir correctement un micro, faire un discours devant des centaines de personnes, donc je suis heureuse de pouvoir les conseiller grâce à mon expérience (Eve Gilles a longtemps dansé et donné des cours à des enfants avant d’être élue Miss France, NDLR).

Je suis très sensible, mais j’arrive à contrôler cette sensibilité et à la laisser s’exprimer ensuite, quand je suis seule.

Eve Gilles, Miss France 2024

Je leur suggère d’éviter de bouger dans tous les sens, de se déplacer en faisant attention au reste du groupe, de prendre leur temps. Comme pour le discours, je leur dis de prendre leur temps pour éviter de bégayer, de calmer leur voix, de bien respirer. Et enfin, je leur répète que nous sommes comme une équipe cycliste, nous sommes nombreux à partir et à la fin, un seul franchit la ligne d’arrivée, donc il faut aider et soutenir le finaliste jusqu’à la fin de l’aventure.

Quels ont été les moments forts de vos six premiers mois ?
Il y en a eu beaucoup qui m’ont donné beaucoup d’émotion, c’est difficile de les classer. Il y a eu les Fashion Weeks, pendant lesquelles j’ai pu assister à des défilés comme celui de Pierre Cardin. C’était une expérience folle. Il y a eu aussi mon retour dans ma ville de Quaëdypre, avec les petits élèves de mon cours de danse qui ont refait une chorégraphie que je leur avais apprise.

Eve Gilles (Miss France 2024) à son retour chez elle à Quaëdypre, dans le Nord de la France, le 20 décembre 2023.

BERTRAND NOEL/SIPA / © BERTRAND NOEL/SIPA

J’ai beaucoup pleuré quand je suis rentrée dans le Nord-Pas-de-Calais après mon élection, ou quand je suis revenue à La Réunion. Je n’avais pas vu mes proches, ma sœur, mon filleul et mes grands-parents depuis longtemps, alors je n’ai pas pu retenir mes larmes. Je suis très sensible et je m’émeus vite, mais j’arrive généralement à prendre de la distance et à contrôler cette sensibilité pour la laisser s’exprimer ensuite, quand je suis seule. Je n’ai même pas pleuré quand j’ai été élue Miss France.

Ne plus avoir le temps de faire du sport, les déplacements incessants, courir les foires et les expositions pour déguster les spécialités locales… On sait qu’une année en tant que Miss France met le corps à rude épreuve. Comment vous sentez-vous, physiquement, à mi-chemin ?
J’avoue que le sport me manque et arrêter du jour au lendemain a été difficile. Mais je bouge tellement tous les jours, en allant ici et là, que j’ai l’impression de faire du sport. C’est un autre type d’épuisement du corps. J’ai peut-être pris un peu de poids, mais ça me fait du bien car j’ai toujours eu du mal à prendre du poids. En fait, j’aime bien cette prise de poids, ça me fait beaucoup de bien au moral. C’est normal que le corps évolue en fonction de nos activités, de ce que l’on fait. Les petits kilos en trop, les rides d’expression… J’ai toujours trouvé ça beau, de voir le cheminement d’une femme sur son corps.

Comment vivez-vous la célébrité ?
On sait quand on participe au concours Miss France que notre vie peut changer du jour au lendemain, mais il est impossible de savoir à quel point tant qu’on ne l’a pas vécu. Au début de mon année, j’avoue que cette nouvelle notoriété m’effrayait un peu et que j’avais du mal à sortir, mais parce que je ne me le permettais pas. Petit à petit, j’ai réalisé que je pouvais continuer à vivre normalement, simplement en acceptant le fait de devoir prendre des photos quarante fois par jour (rires).

Je me sens libre et je poste ce que je veux sur les réseaux sociaux.

Eve Gilles, Miss France 2024

Même quand tu as juste envie d’aller chercher ton pain au bout de la rue en pyjama et sans maquillage ?
Je m’autorise à sortir sans maquillage, oui, et je n’ai pas peur de sortir habillée en jogging. C’est à la personne qui veut prendre une photo avec moi, habillée comme ça, de décider ! Et les Français aiment le naturel. D’ailleurs, je poste régulièrement des photos et vidéos de moi sans maquillage sur les réseaux sociaux.

Vous qui faites encore l’objet de critiques acerbes sur les réseaux sociaux, parvenez-vous à publier du contenu librement, sans craindre une nouvelle vague de critiques ?
Oui, je me sens libre et je poste ce que je veux, mais selon ce que c’est, je suis consciente des conséquences et des commentaires qui pourraient suivre. Je me permettais moins avant, comme pour sortir, je me posais beaucoup de questions sur ce que je devais partager ou non sur mes réseaux sociaux. Aujourd’hui, je me permets de poster sans avoir peur de ce qui pourrait être dit.

Et comment votre entourage vit-il votre célébrité ?
J’ai encore des amis qui m’invitent à sortir dîner et je dois leur dire qu’il faut absolument réserver une table à l’avance pour être sur le côté. Sinon, on risque de se retrouver au milieu de la salle avec des gens autour de soi qui nous prennent en photo pendant que nous mangeons. C’est avec ces petites choses, comme rester sur le côté au restaurant, que j’arrive à maintenir une vie à peu près normale.

Vous avez fait du harcèlement votre cause dès votre élection. Des personnes concernées vous ont-elles contacté sur les réseaux sociaux pour vous faire part de leur expérience ?
Oui, j’ai reçu toutes sortes de messages. Beaucoup de filles m’ont dit qu’elles étaient plus à l’aise avec elles-mêmes depuis que j’ai été élue, qu’elles pouvaient parler quand ça n’allait pas… J’apporte cette écoute, je réponds que c’est déjà un premier pas de se parler en cas de harcèlement et qu’il ne faut pas avoir peur d’en parler à un adulte, à un proche. Pour moi, en parler beaucoup m’a libéré l’esprit. C’est compliqué pour moi de lutter contre les nombreuses personnes qui m’attaquent, avec l’ampleur que ça a pris. Mais à plus petite échelle, dans le cas d’une personne harcelée à l’école par exemple, ça peut s’arrêter plus facilement avec l’aide d’adultes qui écoutent.

Avez-vous des projets concrets pour continuer votre combat ?
Avec la société Miss France, nous préparons une journée de mobilisation contre le harcèlement. Ensuite, dès cette année, je compte chercher une association avec laquelle j’aime collaborer. Je ferai de mon mieux pour avancer dans ce domaine même si je suis très occupée avec mon emploi du temps Miss France. Je sais que je pourrai m’impliquer davantage l’année prochaine.

Malagigi Boutot

A final year student studying sports and local and world sports news and a good supporter of all sports and Olympic activities and events.

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