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Audrey Millet et Abdoul : exil et exploitation dans les coulisses de la mode

La rencontre a lieu dans le cocon tranquille d’un bistrot parisien. On s’excuse presque du contraste. Audrey Millet et Abdoul se sont rencontrés en juin 2022, dans le vacarme et la crasse de la gare de Prato, en Toscane. Audrey, Abdoul. Deux trajectoires, deux mondes qui n’étaient pas destinés à se croiser.

Dans la capitale italienne du textile (et de la contrefaçon), « Les blancs et les noirs ne se mélangent pas, c’est le royaume de la discrimination raciale ». Mais c’est une touche de francophonie qui les rapproche : « J’étais simplement heureux de rencontrer quelqu’un qui parlait la même langue que moi »sourit Abdoul.

Audrey Millet, 43 ans, connaît Prato comme sa poche : elle y a vécu pour son travail, et y retourne presque chaque année. Historien de la mode, elle documente sa face sombre, et promène depuis des années sa crinière rose bonbon dans les ateliers clandestins, à la rencontre des petites mains, africaines ou pakistanaises, qui travaillent au noir pour des propriétaires chinois. Abdoul, qui cache bien sa quarantaine sous son apparence juvénile, est l’un d’eux, tailleur ivoirien sans papiers, exilé en Italie depuis l’été 2017.

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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