Audiovisuel public : le Sénat protège le mécanisme de financement, dans l’attente d’une réforme de la gouvernance : Actualités
Le Sénat a approuvé mercredi la pérennisation du mécanisme de financement public de l’audiovisuel à travers l’attribution annuelle d’un montant de TVA, une option soutenue par la ministre Rachida Dati, en attendant une réforme de la gouvernance du secteur, beaucoup plus sensible.
« Pour avoir un secteur audiovisuel public fort, son financement doit être tout aussi fort, protégé », a déclaré le ministre de la Culture aux sénateurs, favorable à la proposition de loi organique adoptée à l’unanimité moins une voix.
Le texte du sénateur Les Républicains Cédric Vial, qui sera examiné le 19 novembre par l’Assemblée nationale, entend répondre à une urgence législative : en effet, le système de financement provisoire mis en place depuis la disparition de la redevance en 2022 expire fin de 2024…
Et si rien n’est fait d’ici là, l’audiovisuel public serait alors financé sur le budget de l’Etat, une « budgétisation » redoutée par le secteur, qui craint des atteintes à son indépendance.
« En matière budgétaire, le gouvernement prend le pouvoir, comme pour toute autre politique publique, d’intervenir sur les sommes allouées au cours de l’année », a prévenu Cédric Vial.
– « Protégé des aléas » –
Dans l’urgence, le gouvernement a donc opté pour l’option retenue par les sénateurs : l’attribution annuelle à l’audiovisuel public d’un « montant de taxe d’État » comme la TVA. Le montant serait ensuite défini lors des débats budgétaires de l’automne.
Alors qu’une spécificité financière avait été initialement évoquée pour Arte, les sénateurs ont opté pour un alignement de la chaîne franco-allemande sur le même modèle de financement.
Ce mécanisme, préféré à celui d’une « fraction » en pourcentage de TVA, ou d’un prélèvement sur les recettes, permettra « d’assurer un financement durable et lisible à court terme », a assuré le rapporteur LR Jean-Raymond Hugonet.
« Les entreprises sauront dès le vote de la loi de finances le montant en euros qui leur sera versé au titre de l’année. Ils seront ainsi protégés des aléas de la conjoncture économique », a insisté Rachida Dati.
« Le fait de disposer d’une recette affectée qui n’est pas le budget de l’Etat est un signe objectif d’indépendance incontestable. C’est important d’avoir le soutien des élus », a réagi Marie-Christine Zaragosse, présidente de France Médias Monde, auprès de l’AFP.
Tout en soutenant le texte, la gauche a exprimé de nombreuses réserves, considérant cette solution comme une « méthode de repli », « fiscalement injuste », selon l’écologiste Thomas Dossus.
Derrière ce texte consensuel, les débats ont rapidement débordé sur la question de la gouvernance de l’audiovisuel public, alors que le projet de fusion de France Télévisions, Radio France, France Médias Monde (RFI, France 24) et l’Institut national de l’audiovisuel (Ina), défendu jusqu’à présent par Mme Dati, a été mis entre parenthèses par la dissolution de l’Assemblée nationale.
Le ministre a promis « d’avancer sur ces discussions », sans donner de calendrier plus précis.
« Il faut bien sûr lutter sur le financement, mais face à une concurrence croissante, notre radiodiffusion publique doit aussi se réorganiser si elle ne veut pas s’affaiblir et disparaître demain », a-t-elle poursuivi.
« Revenir encore et encore sur la réforme de la gouvernance mettrait en péril notre secteur audiovisuel public » face à des plateformes qui « menacent son modèle », a prévenu le président centriste de la commission culturelle du Sénat, Laurent Lafon, qui milite comme ses alliés à la Chambre des représentants. Sénat pour la création d’une société holding regroupant l’audiovisuel public.
publié le 23 octobre à 21h25, AFP