A la table de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime, 112 pays ont le droit d’être présents, selon un rapport d’Europol recensant les 821 groupes criminels les plus menaçants du continent européen. Aucun pays d’Europe n’est épargné par la présence d’une organisation criminelle « menaçant ». Au sein de ce large panel se trouvent principalement des groupes d’Albanie, de Belgique, de France, d’Allemagne et d’Italie. Quant aux 85 pays tiers, principalement les groupes criminels turcs et ukrainiens, ils opèrent principalement sous la forme d’un « adhésion combinée » avec des partenaires établis au sein de l’Union européenne.
Or, une organisation criminelle est capable de se projeter sur un territoire étranger sans avoir dans son organigramme des membres issus de cette région. Ainsi, seulement 36 % des réseaux criminels présents en Amérique latine comptent parmi leurs membres des personnes originaires de la région. D’une manière générale, 68 % des réseaux sont constitués de membres de plusieurs pays, tandis que 32 % comptent des membres de même nationalité.
Malgré des activités illicites marquées par l’internationalisation, la majorité des groupes criminels maintiennent une certaine concentration géographique et n’étendent pas trop largement leurs activités. Et 76 % des réseaux criminels les plus menaçants sont présents ou actifs dans deux à sept pays, tandis que moins d’un quart seulement opèrent dans plus de sept pays.
Dubaï, « un centre de coordination à distance »
Cette forme de cohérence géographique régionale est particulièrement illustrée par la coopération observée entre les organisations criminelles implantées en Europe de l’Est. Ces associations entre groupes dominants et subordonnés peuvent changer de composition en fonction des opérations, notamment le trafic de tabac, la fraude à la TVA et aux douanes, ou encore la fraude en ligne, ainsi que le trafic de migrants.
Dans cette géographie du crime organisé, une place forte apparaît, une sorte de point de rencontre où la neutralité entre concurrents semble respectée : Dubaï. La ville est devenue « un centre de coordination à distance où résident des membres de haut niveau et d’autres acteurs criminels, tels que des courtiers et des organisateurs, pour coordonner les activités des réseaux criminels et entraver leurs activités »selon le rapport.
Abrités dans leurs luxueux appartements aux Emirats, les têtes de réseaux peuvent non seulement continuer à gérer leurs intenses activités criminelles tout en laissant aux « petites mains » courir les risques physiques et juridiques dans leurs pays d’origine, mais aussi bénéficier d’un climat propice à la criminalité. alliances. « Certains réseaux criminels ne peuvent unir leurs forces que pour des raisons opportunistes. (Ils) ne présentent pas de schémas nationaux clairement distincts et sont composés de membres de diverses nationalités qui coopèrent sur un projet criminel commun. » Une forme d’alliance diplomatique au service du crime.