« Mon dieu c’est triste !« Djinnie découvre le supermarché Casino qu’elle fréquentait depuis plus de 20 ans. »Les étagères sont toutes vides, on dirait la fin du monde. Et dire que c’était un magasin sympa, familial, où l’on rencontrait des gens du quartier quand on faisait nos courses« . Pour cette maman, le choc est d’autant plus grand que le magasin est en effet presque entièrement vide quelques heures avant la fermeture définitive. Tout a été bradé, avec des réductions de 50 à 70% pour tout liquider. Tout ce qui reste sur sur les étagères se trouvent quelques bouteilles de vin et d’alcool fort, quelques jeux de société et des glaçons.
Un supermarché « à taille humaine » qui fait vivre le quartier
Grandeur et décadence pour ça Supermarché de 2 000 mètres carrésà taille humaine, qui servait de centre de vie à tout le quartier. Jean-Claude y venait tous les jours »,Je suis venu chercher du pain, de la viande, des légumes, car il n’y a pas tout ça dans la ville des Maroniers où j’habite. Et puis j’ai fait la connaissance des caissiers. Nous avons pris l’habitude de discuter« Pour ce retraité, comme pour Maxime, c’est un lieu de vie qui est en train de disparaître : »Ici il y a des quartiers très populaires, des usines, des gens qui travaillent et viennent faire leurs courses entre midi et deux, je pensais qu’une enseigne allait le reprendre, c’est dommage« .
« Ici, les commerces ferment les uns après les autres », Djinnie, habitante du quartier
Aucune marque n’a en effet souhaité reprendre ce magasin entouré de villes dites difficiles : les Rosiers, les Marronniers, La Marine Bleue. « Si personne ne veut recommencer c’est qu’il y a des raisons. Aucune entreprise n’est active dans les districts du nord. Entre vols et dettes impayées« , raconte Marcel, qui a fréquenté le quartier pendant 40 ans avant de le quitter lui aussi. Des commerces qui désertent et qui laissent les habitants avec un sentiment d’abandon. « Avant on avait des petits magasins avec des services variés, on n’a plus rien, les commerces ferment les uns après les autres« regrette Djinnie »C’est la même chose dans tous les quartiers nord mais aussi dans le 3e arrondissement. Avant la Belle de Mai c’était le deuxième centre ville de Marseille, aujourd’hui tout est fermé » poursuit Bernard.
Selon le personnel rencontré sur place, 36 personnes étaient employées dans ce supermarché Casino. Certains salariés seront reclassés, d’autres suivront des formations, certains tenteront de trouver un emploi en dehors du quartier.