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Auchan, Michelin, Valeo… La France est-elle à la veille d’une vague de nouveaux plans sociaux ?

Si les réductions d’effectifs annoncées ces derniers jours sont principalement dues à des problèmes spécifiques des entreprises concernées, le tissu économique dans son ensemble montre des signes de faiblesse en France.

La réplique de la crise inflationniste se produit maintenant. Depuis plusieurs mois, les annonces de plans sociaux font de plus en plus souvent la Une des journaux. Si cette semaine de novembre a été marquée par des suppressions d’emplois à venir au sein des deux fleurons français Auchan et Michelin, d’autres grandes entreprises ont annoncé depuis le début de l’année vouloir réduire leurs effectifs.

L’année 2024 a mal commencé avec l’annonce en janvier de réductions d’effectifs chez Vinci Immobilier, rapidement suivies par celles de Nexity et Bouygues Immobilier. La contagion s’est poursuivie dans d’autres secteurs comme celui des équipementiers automobiles qui connaissent l’électrification de la production automobile.

Valeo a ainsi indiqué qu’il allait licencier 1 150 salariés et vendre trois sites avec des retards de paiement. Plus tard, c’est le fabricant de jantes Imperial Wheels et le sous-traitant de Stellantis MA France qui a fermé ses portes, laissant derrière lui plus de 500 salariés.

La distribution alimentaire n’a pas été en reste et a également alimenté la chronique sociale avec Auchan récemment et Casino Plus, qui a confirmé en septembre que sa nouvelle petite structure devrait réduire le nombre d’emplois de 3 000.

Une liste loin d’être exhaustive puisque l’on peut y ajouter Sanofi qui a réduit sa R&D ou encore la Société Générale qui a proposé des plans de départs volontaires à des centaines de salariés.

Cas particuliers

Ces annonces très médiatisées au sein de ces grands groupes cachent-elles une forêt d’entreprises françaises en grande difficulté ?

Thierry Millon, le directeur des études à Altarès, souhaite relativiser.

« On était auparavant sur une dynamique de croissance, mais il y avait quand même des plans sociaux », rappelle-t-il. « La différence, c’est qu’il s’agit désormais de grands acteurs connus. »

Des entreprises que la conjoncture n’arrange pas, mais qui connaissent des difficultés structurelles depuis plusieurs années.

Prenons par exemple les équipementiers automobiles et Michelin. Ces constructeurs font face à une concurrence chinoise qui se renforce d’année en année. Par ailleurs, un précédent plan social avait été mis en œuvre en 2021, une année pourtant prospère en termes de croissance pour l’économie.

Idem pour Auchan. Le distributeur nordiste n’a pas attendu 2024 pour connaître des difficultés. Depuis plus d’une décennie, l’enseigne perd des parts de marché, handicapée par des formats de magasins moins appréciés des consommateurs.

Même s’il ne faut peut-être pas tirer des vérités générales de cette somme de cas particuliers, le tissu des entreprises françaises montre encore dans son ensemble des signes de fébrilité.

Menaces réelles

« Nous avons en moyenne en situation normale environ 250 entreprises en liquidation ou redressement chaque mois, indique Thierry Millon d’Altarès. Depuis le début de l’année nous sommes plutôt entre 350 et 380 et en octobre nous sommes passés à 520. Il y a effectivement une situation fragile. »

Concernant le nombre d’emplois menacés par les cessations d’activité, Altarès prévoyait en début d’année qu’il atteindrait 250 000 en 2024. Or, ce nombre avait déjà été atteint fin octobre, soit deux mois plus tôt que prévu. D’ici la fin de l’année, quelque 40 000 suppressions d’emplois supplémentaires sont attendues.

Les causes de cette dépression sont connues. Les affaires ne vont pas bien, les carnets de commandes s’amenuisent et les perspectives n’incitent pas au dynamisme.

«Quand on lit lundi matin qu’Auchan procède à des licenciements on se dit « est-ce que je dois investir comme une petite entreprise pour espérer avoir du business ? », illustre Thierry Millon.

Les deux moteurs de la croissance française, la consommation des ménages d’un côté et l’investissement des entreprises de l’autre, sont au point mort.

Malgré la baisse des prix à la consommation et des taux d’intérêt, la confiance des ménages ne s’est pas rétablie. Le taux d’épargne reste à des niveaux très élevés et le contexte des finances publiques et les perspectives de hausses d’impôts ne sont pas de nature à inciter les ménages à dépenser davantage.

L’investissement en berne

Concernant les entreprises, le contexte géopolitique, la concurrence chinoise, la menace d’une guerre douanière avec les Etats-Unis avec le retour de Donald Trump ou encore les coûts logistiques qui restent élevés sont autant de raisons de pécher par excès de prudence.

Le contexte particulier français n’arrange pas les choses. Les hausses d’impôts attendues sur les entreprises et le remboursement des PGE de l’ère Covid qui peuvent représenter jusqu’à 5% du chiffre d’affaires annuel sont de sérieux handicaps. La baisse des taux d’intérêt qui rend le crédit plus accessible n’est pas une incitation suffisante à investir.

L’impact sur l’industrie est déjà visible. Au premier semestre 2024, le solde entre ouvertures et fermetures de sites est devenu négatif à -8, selon les données de Bercy, alors qu’il était positif depuis plusieurs années. Compte tenu des extensions et réductions de sites existants, il reste légèrement positif (+36) mais bien inférieur à celui de 2023 (+105 au premier semestre de l’année dernière).

C’est dans les transports et notamment dans le secteur automobile que les coupes sont les plus importantes. Sur les six premiers mois de l’année, le pays a enregistré 12 fermetures de sites, cinq réductions pour à peine une ouverture et trois extensions. C’est peut-être de ce secteur que viendront les futures mauvaises nouvelles pour l’emploi.

Frédéric Bianchi

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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