Auchan : la semaine où le social va rattraper le commercial…
Chez Auchan, les syndicats tremblent. Mardi, selon les informations révélées par La Lettre, ils ont été convoqués par Guillaume Darrasse, le nouveau patron de la maison nordiste. Cela concerne les CSE des fonctions supports mais aussi les CSE centraux des magasins et du e-commerce. Autant dire que Guillaume Darrasse a beaucoup à dire à de nombreux interlocuteurs… Toujours selon La Lettre, les invitations lancées font référence à des lieux différents, «dans toute la région lilloise, de Marcq-en-Barœul à Neuville-en-Ferrain, parfois dans les hôtels, et à Chilly-Mazarin pour les représentants Auchan E-commerce« . Comme si cela devait compliquer tout rassemblement de mécontentements.
Si les syndicats tremblent, c’est qu’il y a des raisons (de trembler). Guillaume Darrasse a hérité d’une entreprise où le déni (des difficultés) a trop longtemps fait office de stratégie et où les enjeux sociaux étaient plutôt préservés, du fait de la culture d’entreprise. Mais le social rattrape toujours le commercial. Tôt ou tard. Pour Auchan, c’est plutôt tard. Car les difficultés de la France sont, depuis des années, couvertes par l’action internationale.
Le constat est pourtant clair (et avait amené VIGIE GRANDE CONSO à se poser des questions au printemps : «Et si la mission de Guillaume Darrasse était de mettre Auchan au régime minceur…« ) : sur les 10 derniers exercices, Auchan France n’a présenté qu’une seule fois des ventes en croissance : en 2022, grâce à l’inflation. Mais à mesure que les concurrents progressaient encore plus loin que la Maison Mulliez, la part de marché continuait son lent déclin. Et la rentabilité avec.
Depuis l’été, la part de marché d’Auchan France est certes en croissance : +0,7 pt à 9,0% sur le P10 Kantar. Problème : ce chiffre d’affaires supplémentaire vient du rachat d’hypermarchés et de grandes surfaces casino qui… n’étaient pas rentables. Autant dire que les comptes virent au rouge. Et pour les remettre sur le green, il faut aller droit au but. Pour Guillaume Darrasse, le « sale boulot », c’est maintenant… Par contre, il fallait vraiment être très naïf pour ne pas le voir venir. Quand les ventes alimentaires dans les hypermarchés « natifs » (hors Casino) baissent d’environ 4 % (c’est la tendance actuelle), impossible de ne pas comprendre. Le social rattrape toujours le commercial (je me répète, je sais).