Au Venezuela, le régime de Nicolas Maduro ne semble pas disposé à négocier. Malgré les appels répétés d’une grande partie de la communauté internationale à publier les minutes du scrutin, le régime s’en tient à la proclamation par les autorités électorales de la victoire du chavisme à l’élection présidentielle du 28 juillet, sans en apporter la preuve, et réprime toute forme de contestation. Phil Gunson, analyste basé à Caracas et travaillant pour l’organisation de prévention des conflits International Crisis Group, étudie pour Le monde scénarios possibles de sortie de crise.
Il faut revenir aux élections législatives de 2015. Pour la première fois depuis l’arrivée au pouvoir du chavisme (avec l’élection d’Hugo Chavez en 1999)L’opposition remporte la majorité, et même les deux tiers des sièges au Parlement. C’est le moment idéal pour arriver à ce qu’on appellerait en France la cohabitation. Mais cette opportunité n’est pas saisie.
Des erreurs ont été commises des deux côtés, mais le principal coupable est le gouvernement de Nicolas Maduro. Il a tout simplement refusé d’accepter la réalité, à savoir qu’il y avait deux forces opposées qui devaient s’entendre sur la gouvernabilité du pays. Il a reconnu les élections, mais a ensuite tout fait pour que ce résultat n’ait pas de conséquences pratiques, en retirant tous les pouvoirs au Parlement. À partir de là, la crise s’est aggravée, jusqu’à l’expérience de Juan Guaido en 2019.
Cette décision a été mal conçue. En tant que président de l’Assemblée nationale, Juan Guaido avait acquis une énorme popularité. Beaucoup pensaient que cette auto-proclamation comme président serait une voie rapide vers un changement de gouvernement car il avait le soutien des États-Unis. Beaucoup pensaient que les jours de Nicolas Maduro au pouvoir étaient comptés, qu’il ne serait pas capable de résister aux sanctions internationales et à l’isolement diplomatique.
Mais Nicolas Maduro avait des motivations et des outils pour pouvoir résister. D’abord, le monopole de la violence, des armes. Ensuite, il avait le soutien de pays experts dans l’art de se moquer des sanctions : Cuba, la Russie… Nicolas Maduro a pu mettre en place une sorte d’économie parallèle pour faire fonctionner son gouvernement, assurer la sécurité de ses proches et satisfaire l’armée, alors que son pays vivait une situation d’urgence humanitaire – une situation que les sanctions n’ont pas créée, mais plutôt aggravée.
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