Au sommet des Brics dans son pays, Vladimir Poutine affiche son non-isolement à l’international
EVGENIA NOVOZHENINA / AFP
Vladimir Poutine, ici au Kremlin à Moscou, le 21 octobre 2024.
INTERNATIONAL – Il s’agit d’un rendez-vous important dans le calendrier de Vladimir Poutine, pour continuer à exister sur la scène internationale. Dès ce mardi 22 octobre, le président russe accueille une vingtaine de dirigeants étrangers, alliés ou partenaires, pour le sommet annuel des Brics, alliance de pays émergents que le Kremlin veut voir concurrencer. « hégémonie » Occidental.
Le sommet des Brics, qui se déroule jusqu’à jeudi à Kazan, intervient alors que Moscou gagne du terrain militairement en Ukraine et a forgé des alliances étroites avec les plus grands adversaires des Etats-Unis : la Chine, l’Iran et la Corée du Nord.
Le Kremlin se targue d’organiser « l’événement diplomatique le plus important jamais organisé en Russie »un pied de nez aux Occidentaux censé démontrer l’échec de leur politique d’isolement contre Vladimir Poutine depuis l’offensive contre l’Ukraine en février 2022.
Dans le centre-ville de Kazan, au bord de la Volga, les mesures de sécurité ont été fortement renforcées. Les habitants sont invités à rester chez eux, ont rapporté les médias locaux. Kazan, à mille kilomètres de la frontière ukrainienne, a subi à plusieurs reprises des attaques de drones ukrainiens visant des sites industriels liés à l’armée.
Vladimir Poutine doit entamer ce mardi un marathon d’une quinzaine de rencontres bilatérales prévues d’ici jeudi, selon le Kremlin.
Un tête-à-tête très attendu avec le secrétaire général de l’ONU
Signe de l’importance du virage stratégique pris vers l’Asie par Moscou, le maître du Kremlin échangera dès le premier jour du sommet avec son allié chinois Xi Jinping, dont le départ pour la Russie a été confirmé mardi matin par l’agence officielle chinoise. . Vladimir Poutine rencontrera ensuite le Premier ministre indien Narendra Modi. Un dîner est prévu dans la soirée à l’hôtel de ville de Kazan, selon le Kremlin.
Le chef de l’Etat russe rencontrera mercredi le Turc Recep Tayyip Erdogan – dont le pays, membre de l’Otan, a demandé à rejoindre les BRICS – et le président iranien Massoud Pezeshkian.
Avant d’enchaîner jeudi, selon le Kremlin, par un tête-à-tête très attendu avec le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, une première entre les deux hommes depuis avril 2022.
Le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva a pour sa part annulé son déplacement dimanche et s’exprimera par visioconférence, selon la présidence brésilienne. Lundi, il a expliqué qu’il souffrait de maux de tête suite à un accident domestique » grave « lors d’une discussion téléphonique avec un membre de son parti qui a retransmis l’échange sur les réseaux sociaux.
Outre le conflit en Ukraine, il faut mentionner l’escalade des tensions au Moyen-Orient, ainsi que le développement futur d’un système de paiement international censé concurrencer Swift, dont les banques russes ont été pour la plupart exclues après l’invasion de l’Ukraine.
Vladimir Poutine s’exprimera également jeudi lors d’une conférence de presse à l’issue du sommet.
Absence du prince Mohammed ben Salmane
Ce sommet des Brics « vise à montrer que la Russie est non seulement loin d’être isolée, mais qu’elle a des partenaires et des alliés »souligne le politologue russe Konstantin Kalatchev.
Visé par un mandat d’arrêt émis par la Cour pénale internationale en mars 2023 en raison de l’expulsion d’enfants ukrainiens, dont Kiev accuse Moscou, Vladimir Poutine est limité dans ses déplacements à l’étranger.
Pour cette réunion à domicile, le Kremlin juge » crucial « pour démontrer que« il existe une alternative aux pressions occidentales (…) et que le monde multipolaire est une réalité »selon Konstantin Kalachev.
Fort de quatre membres (Brésil, Russie, Inde, Chine) lors de sa création en 2009, le bloc Brics a rejoint l’Afrique du Sud en 2010, tirant ainsi son nom des initiales de ces États en anglais. Quatre pays l’ont rejoint cette année (l’Éthiopie, l’Iran, l’Égypte et les Émirats arabes unis).
Seul bémol, l’absence à Kazan du prince héritier Mohammed ben Salmane, dirigeant de facto de l’Arabie saoudite, qui alimente les spéculations sur d’éventuels désaccords entre les deux poids lourds mondiaux de l’énergie.
Voir aussi sur HuffPost :