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Au sommet de l’OTAN, les Européens vulnérables et divisés face aux États-Unis

Emmanuel Macron (à gauche), Olaf Scholz (au centre) et Joe Biden au sommet de l'OTAN à Vilnius, en Lituanie, le 11 juillet 2023.

Ils étaient tous censés être là pour afficher leur unité afin de célébrer, en pleine guerre ukrainienne, le 75e anniversaire de l’Otan. Deux jours après le second tour des législatives, seul Emmanuel Macron devrait manquer à l’appel, mardi 9 juillet à Washington, après avoir retardé son arrivée en raison de la crise politique déclenchée en France par la dissolution de l’Assemblée nationale. Le chef de l’Etat – qui a échappé à la cohabitation avec le Rassemblement national – ne devrait arriver que mercredi, soit pour deux jours.

Son absence mardi soir aux côtés de Joe Biden donne une idée du degré d’affaiblissement non seulement de la France, mais aussi des Européens au sein de l’Alliance atlantique, après trente mois de conflit en Ukraine. « Il y a cinq ans, quelques semaines avant le 70e anniversaire de l’OTAN à Londres, Emmanuel Macron Il était apparu très sûr de lui, en diagnostiquant la « mort cérébrale » de l’OTAN. Cinq ans plus tard, ce n’est plus le cas.note Samuel Faure, spécialiste des questions de défense à Sciences Po Saint-Germain-en-Laye.

Le chancelier allemand Olaf Scholz n’est pas non plus au meilleur de sa forme politique, après la défaite essuyée aux élections européennes par le Parti social-démocrate. Un scrutin qui a au contraire renforcé les partis prorusses ou isolationnistes sur une grande partie du continent, France en tête.

Divergences sur l’Ukraine

Par ailleurs, les deux dirigeants européens divergent sur le dossier le plus sensible du moment pour l’Alliance : la trajectoire de l’Ukraine vers l’OTAN, alors que la Russie occupe près d’un cinquième de son territoire et que les combats font rage. L’Allemagne s’allie aux Etats-Unis pour refuser l’adhésion de Kiev à l’Alliance, afin de ne pas provoquer une escalade avec le Kremlin. La France, au contraire, plaide, avec la plupart des Etats d’Europe centrale, mais aussi avec le Royaume-Uni, pour tracer une voie vers son intégration atlantique.

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« L’idée est de montrer que cette trajectoire, d’une certaine manière, est irréversible. Nous allons plus loin que ce qui a été décidé à Vilnius. (en Lituanie) »lors du précédent sommet de l’Alliance, en juillet 2023, dit-on à l’Elysée. A l’époque, soucieux d’intégrer l’OTAN au plus vite, Volodymyr Zelensky, le président ukrainien, avait suscité l’agacement des responsables américains en jugeant  » absurde «  la formule négociée d’adhésion « Lorsque les alliés seront d’accord et que les conditions seront réunies ».

Alors que les débats devraient être plus civilisés à Washington, la discussion n’en génère pas moins une forme de frustration dans une partie de l’Europe, à commencer par l’Ukraine. « L’administration Biden a toujours été excessivement prudente, ce qui va maintenant se retourner contre elle et contre nous. Chaque fois que nous disons « pas d’escalade », nous envoyons un signal à (Vladimir) Poutine, qui profite de cela pour faire monter la tension »déclare l’ancien diplomate Michel Duclos, expert à l’Institut Montaigne : « Cela crée du ressentiment en Ukraine. Nous allons devoir faire face à une Ukraine divisée et frustrée. »

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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