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Au Sénégal, les nominations du nouveau pouvoir entraînent un début de rébellion au sein de Pastef

Au Sénégal, les nominations du nouveau pouvoir entraînent un début de rébellion au sein de Pastef
Le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko à Dakar, le 2 avril 2024.

Pour la première fois en six ans de vie militante, Mabinta Djiba ose dire ouvertement que son « chefs » vont dans le mauvais sens. L’enseignante de formation, fidèle au Pastef (Patrites africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité), le parti fondé par le président Bassirou Diomaye Faye et le premier ministre Ousmane Sonko, s’alarme du peu de place faite aux femmes par le nouvel exécutif sénégalais. Parmi les 25 ministres nommés le 5 avril, il n’y en a que quatre.

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« Comme si nous n’avions pas des femmes aussi compétentes que les hommes ! « , est désolé cet élu de Pastef à Bignona (sud), emprisonné à deux reprises dans les dernières années du mandat de Macky Sall ; une première fois à Dakar, en 2021, avec 17 autres militants, et la seconde en mars 2023, après avoir défendu les enfants d’Ousmane Sonko, interdits d’école en raison de l’incarcération de leur père.

À peine 18 % des postes de hauts fonctionnaires et de directeurs d’entreprises publiques annoncés lors de trois vagues de nominations sont occupés par des femmes. « Il y a un déséquilibre qui s’accentue », déplore une dirigeante de Mojip, le mouvement des femmes de Pastef. Les propos sont mesurés, mais la colère exprimée marque une rupture dans un parti réputé soudé autour de ses dirigeants.

Opacité

« Pastef est le reflet de la société et des autres partis sénégalais. Il a respecté la loi sur la parité pour les élections locales sans pousser davantage à la féminisation des postes en interne. Il y a très peu de femmes au sommet du mouvement », souligne Alassane Ndao, chercheur en sciences politiques à l’université Gaston-Berger, à Saint-Louis. Face à ce début de fronde, une liste de noms de femmes a été transmise au duo exécutif en vue des prochaines nominations, selon plusieurs sources au sein de Pastef.

Mais les critiques qui émergent en interne ne portent pas uniquement sur la parité : l’opacité qui a entouré certaines nominations est surprenante, alors que Pastef a fait de la transparence un de ses chevaux de bataille. « Et les appels d’offres ? », interpelle un militant du parti, en référence aux promesses répétées d’ouvrir aux candidatures les postes dans la fonction publique. Le programme « Diomaye Président », qui a servi de base à la campagne Pastef, favorisait en fait une réforme du système politique. « méthode de recrutement » dans l’administration, ce qui impliquerait notamment un « appel à candidatures systématique ».

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Si un projet de décret et un projet de loi sur « accès à la fonction publique, aux emplois et fonctions dans l’administration » ont été discutés le 17 avril en Conseil des ministres, aucun calendrier n’a été fixé. « Pour l’instant, ce n’est pas la prioritéemporte un ami proche du président, même si nous voulons aller vers la transparence et la fin du népotisme « . Une pratique associée, parmi les partisans de Pastef, à l’ancien président Macky Sall. Dans un livre publié en 2017, Ousmane Sonko, alors inspecteur des successions et syndicaliste, accusait notamment le frère de l’ancien président, Aliou Sall, d’être responsable de détournements de fonds et de fraude fiscale.

Pour les partisans du nouveau pouvoir, il est urgent d’étouffer les procès en négationnisme. « On ne peut pas mettre le pays entre parenthèses pour lancer des appels à candidatures, justifie Ibrahima Diallo, responsable de la communication chez Pastef. Nous plaçons des hommes en qui nous avons confiance pour gérer les urgences et nous devons assurer la continuité de l’État. »

Proches et alliés

Alors que la formation d’un gouvernement bâti sur les compétences avait été saluée, la dernière vague de nominations à la tête des entreprises publiques, mercredi 15 mai, a laissé plus d’un éditorialiste sans voix. Un médecin, cadre de Pastef, a ainsi été désigné pour gérer la Loterie Nationale, et c’est un syndicaliste enseignant qui a été désigné pour gérer la société gérant les infrastructures de la ville nouvelle de Diamniadio. « Ils sont pris entre deux feux : d’un côté le contrôle citoyen, qui appelle au respect des promesses de campagne, de l’autre les aspirations de leurs partisans et alliés, qui souhaitent s’associer à l’exercice du pouvoir »note Elimane Haby Kane, analyste des politiques publiques.

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A l’exception du secrétaire général de la présidence, qui a conservé son titre après la passation du pouvoir entre Macky Sall et Bassirou Diomaye Faye, ce sont des proches et alliés politiques du tandem exécutif qui occupent désormais les postes clés au sommet de la présidence. . ‘État. Des hommes comme le chef de la sécurité d’Ousmane Sonko, Waly Diouf Bodian, nommé chef du Port autonome de Dakar, ou Habib Sy, candidat à la dernière présidentielle et partisan de Pastef, nommé directeur de la Senelec, la compagnie nationale d’électricité.

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Reste à remplir les fonctions stratégiques des directions des douanes, du Trésor et, surtout, de la Direction générale des impôts et des terres (DGID), l’organe d’origine du président, du Premier ministre et de leur adversaire à l’élection présidentielle, l’ancien -chef du gouvernement Amadou Ba.

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