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Au Sénégal, le nouveau président Faye nomme Ousmane Sonko Premier ministre

Selon un décret lu mardi soir à la télévision publique, l’ancien opposant Ousmane Sonko a été nommé Premier ministre du Sénégal par le nouveau président Bassirou Diomaye Faye, qui a prêté serment dans la journée.

Le panafricaniste de gauche Bassirou Diomaye Faye a nommé, mardi 2 avril, la figure clé de son élection Ousmane Sonko au poste de Premier ministre, promettant « un changement systémique », la souveraineté et l’apaisement, en devenant le cinquième président du Sénégal, selon un décret. . présidentiel.

« M. Ousmane Sonko est nommé Premier ministre », indique cet arrêté lu par le secrétaire général de la présidence de la République Oumar Samba Bâ à la télévision publique (RTS).

« Je mesure l’importance de la confiance qu’il (le président Faye) a placée en ma personne », a déclaré sur la RTS Ousmane Sonko, 49 ans, qui avait proposé la candidature de Bassirou Diomaye Faye après l’invalidation de la sienne. Il a annoncé la formation « dans les prochaines heures » d’un nouveau gouvernement.

Quelques heures plus tôt, le nouveau président Faye, 44 ans, confiant dans ses paroles et son apparence en costume-cravate bleu, avait prêté serment devant des centaines de responsables sénégalais et plusieurs chefs d’État et dirigeants africains au Parc des Expositions. dans la ville nouvelle de Diamniadio, près de Dakar.

Puis il rentre dans la capitale, une garde à cheval ouvrant la voie à son cortège de voitures parmi des centaines de Dakarois venus le saluer le long des routes menant aux portes du palais présidentiel. Là, son prédécesseur Macky Sall, après de brèves et cordiales salutations, lui a symboliquement remis la clé du siège de la présidence avant de franchir les portes en sens inverse.

Bassirou Diomaye Faye, jamais élu auparavant, devient le plus jeune président de ce pays d’Afrique de l’Ouest depuis l’indépendance en 1960, moins de trois semaines après avoir été libéré de prison.

Après trois années de tensions et une dernière crise préélectorale en 2024, son avènement accepté par tous au terme d’une campagne express « est presque un miracle », a déclaré le président du Conseil constitutionnel Mamadou Badio Camara avant de recevoir sa prestation de serment.

La main droite levée, Bassirou Diomaye Faye a juré, « devant Dieu et devant la Nation sénégalaise, d’exercer fidèlement la charge de Président de la République du Sénégal ».

Rupture de promesse

Dans un bref discours, Bassirou Diomaye Faye s’est dit « conscient » que sa large victoire au premier tour de l’élection présidentielle du 24 mars exprimait « une profonde volonté de changement systémique ». « Sous ma direction, le Sénégal sera un pays d’espoir, un pays pacifique avec une justice indépendante et une démocratie renforcée », a-t-il déclaré.

Bassirou Diomaye Faye succède pour cinq ans à Macky Sall, 62 ans, qui a dirigé pendant 12 ans le pays de 18 millions d’habitants et entretenu des relations fortes avec l’Occident et la France tout en diversifiant les partenariats. Les trois dernières années ont été marquées par des troubles, qui ont fait des dizaines de morts et des centaines d’arrestations.

La promesse de rupture, l’onction du populaire Ousmane, présent aux premiers rangs mardi, et l’humilité apparente de cette personnalité issue d’un milieu modeste et instruit l’ont conduit à une victoire éclatante avec 54,28% des voix. .

Bassirou Diomaye Faye, haut responsable de l’administration fiscale, qui a gravi discrètement les échelons dans l’ombre d’Ousmane Sonko, a inscrit parmi ses priorités la baisse du coût de la vie, la lutte contre la corruption et la réconciliation nationale. .

Le programme de Bassirou Diomaye Faye affirme son intention de sortir du franc CFA, de renégocier ou de reconsidérer les contrats avec les sociétés étrangères pour l’exploitation du pétrole et du gaz qui devraient débuter cette année, ainsi que les accords miniers et de pêche.

Front politique et social

Bassirou Diomaye Faye, musulman pratiquant, marié aux deux femmes présentes à son investiture et père de quatre enfants, incarne une nouvelle génération d’hommes politiques.

Admirateur de l’ancien président américain Barack Obama et du héros sud-africain de la lutte contre l’apartheid Nelson Mandela, il se qualifie de panafricaniste « de gauche ».

Il veut œuvrer au retour, dans la Communauté des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), du Burkina Faso, du Mali et du Niger, pays sahéliens confrontés au jihadisme et dirigés par des juntes qui ont rompu avec la France et se sont tournées vers la Russie. Les régimes putschistes du Mali, du Burkina Faso et de Guinée ont envoyé leurs représentants à Diamniadio, dont le président guinéen, le général Mamadi Doumbouya.

Le chef du régime militaire burkinabè, le capitaine Ibrahim Traoré, a félicité Bassirou Diomaye Faye, « symbole d’une ère nouvelle pour une Afrique décomplexée, libre et souveraine ». Il s’est dit sur X qu’il était prêt à travailler avec lui sur « la rénovation de la coopération sous-régionale et internationale ».

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a salué cette inauguration, « témoignage de la lutte des Sénégalais pour le droit de vote », a déclaré son porte-parole Stéphane Dujarric.

Porté au pouvoir par la volonté de changement, Bassirou Diomaye Faye est particulièrement attendu sur l’emploi, dans un pays où 75% de la population a moins de 35 ans et où le taux de chômage est officiellement de 20%, poussant les jeunes, de plus en plus nombreux à fuir. pauvreté et entreprendre un périlleux voyage vers l’Europe.

Avec l’AFP

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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