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Au Rwanda, une élection présidentielle est une évidence

Le président rwandais Paul Kagame lors d'un rassemblement de campagne à Musanze le 22 juin 2024.

Mesurer les chances de victoire d’un candidat à l’aune du nombre de personnes qui se rendent à ses meetings de campagne comporte généralement une marge d’erreur considérable. Au Rwanda, à quelques jours du double scrutin présidentiel et législatif du lundi 15 juillet, l’exercice ne comportait guère d’incertitudes.

Philippe Mpayimana et Frank Habizena, adversaires de toujours du chef de l’Etat sortant, Paul Kagame, peinent à rassembler une poignée de partisans. En face, le « patron », aux commandes du pays depuis trente ans, s’appuie sur une machine de guerre électorale, son parti, le Front patriotique rwandais (FPR), qui remplit les stades de dizaines de milliers de fans dans tous les coins du pays.

On comprend aisément le manque d’enthousiasme des quelques militants déclarés ou soutiens potentiels de ces deux adversaires réduits au rôle de faire-valoir pour une réélection déjà acquise. Comme cela a été le cas lors de toutes les précédentes consultations organisées depuis que les troupes de Paul Kagame ont arrêté le génocide des Tutsi en 1994 ; depuis qu’elles ont chassé ou éliminé les idéologues racistes de la RDC. « Le pouvoir hutu » ainsi que tout l’appareil politico-militaire qui, en cent jours, a perpétré le crime des crimes, massacrant 800 000 personnes.

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En 2000, Paul Kagame, qui dirigeait déjà de facto le pays depuis sa victoire militaire, a été élu président par un parlement complaisant. Trois ans plus tard, une fois le suffrage universel direct instauré, il a remporté 95 % des voix. L’élection suivante, en 2010, a donné lieu à ce qui reste son pire résultat à ce jour :  » seulement «  93% des bulletins de vote pour un taux de participation de 88%. En 2017, la barre avait été relevée à 98,63%. Difficile d’imaginer un autre scénario en 2024.

« Demande de témoignage »

Une révision constitutionnelle adoptée par référendum en 2015 (avec 98 % des voix) a en effet réduit la durée du mandat présidentiel de sept à cinq ans. Mais, dans un coup de balai législatif opportun, cette révision a effacé toutes les présidences accomplies jusque-là par Paul Kagame. Il peut désormais rester au pouvoir pour deux nouveaux mandats de cinq ans, jusqu’en 2034, s’il le souhaite.

Que peuvent donc prétendre Philippe Mpayimana – candidat hors-parti, militant des droits de l’homme et ancien journaliste formé en France, en Belgique et au Cameroun – et Frank Habineza, président du Parti démocratique vert du Rwanda (PDVR) ? Ils peuvent raisonnablement espérer améliorer leurs scores de 2017. La marge de progression parmi les neuf millions d’électeurs est théoriquement considérable après les 0,73 % et 0,48 % des voix obtenues alors. Cela restera anecdotique.

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Eleon Lass

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