Les députés socialistes se réuniront le lundi 3 février pour la session de présentation budgétaire, mais ils ne devraient pas décider avant mardi d’une position commune sur une éventuelle censure.
Tous les yeux sont sur eux. Ce vendredi 31 janvier, le comité conjoint a réussi à s’entendre sur une version commune du budget de la France en 2025. De ce lundi, François Bayrou essaiera d’adopter ce texte à l’Assemblée nationale. Sans majorité, le gouvernement pourrait dessiner le 49.3, puis faire face au dépôt d’une motion de censure. Cela aura lieu 48 heures plus tard, le mercredi 5 février.
Quelques heures avant cette semaine qui promet d’être décisives, les députés PS sont en plein dilemme sur la procédure à suivre. Si le groupe était d’accord, après une réunion ce samedi 1er janvier du matin, pour s’opposer au budget, s’il devait y avoir un vote, chaque adjoint est déchiré au sujet du vote de la motion de censure.
« Je suis déchiré, il y a une forme de gravité dans la décision que nous allons prendre », rapporte un membre du groupe de BFMTV. « Les concessions faites au cours du comité mixte ne sont pas suffisantes. Cependant, les engagements du courrier de Bayrou ont eu lieu. »
Ne soyez pas « responsable » des coins de la France
La «responsabilité» est le principal argument qui apparaît le plus souvent afin de ne pas censurer du côté des socialistes. Les députés de gauche ne veulent pas être « responsables » de la stagnation d’une France sans budget et sans gouvernement.
« Nous ne pouvons pas nous permettre d’avoir un nouveau semestre pour rien », a déclaré un cadre du parti socialiste à BFMTV. « La première censure était souhaitable. La seconde nous mènerait à une instabilité chronique. » Et pour ajouter: « Nous avons un rôle historique, celui d’être un facteur de stabilisation. »
Parmi les arguments qui pèsent en faveur du mouvement de la censure: les exigences du groupe socialiste qui n’ont pas été satisfaites et qui pourraient justifier leur vote. Selon les députés du groupe, l’augmentation du salaire minimum fait encore défaut, les mesures de pouvoir d’achat et d’écologie ainsi qu’un MEA-Culpa sur l’utilisation de l’expression « submersion migratoire ».
À l’inverse, les concessions obtenues par le PS, en particulier une baisse budgétaire inférieure à l’aide médicale de l’État, les postes de sauvegarde des enseignants et la taxe sur les grandes entreprises, pèsent contre la motion de censure.
Encore plus inquiétant pour les députés du Parti socialiste, la peur d’être libéré par la base en cas de vote de la motion de censure. Dans la circonscription, les députés relient les épisodes où les citoyens ont commencé à « revenir » et à critiquer les conséquences de l’absence de budget.
« Les électeurs commencent à nous dire que ça suffit », rapporte un membre du groupe. « Les agitations qui nous disent que la fin du mois est plus importante pour eux que les ambitions de Mélenchon, cela fait mal au cœur », a déclaré un autre.
« Les Français paient une sinistre censure, en termes d’emploi, de visibilité, voire de pouvoir d’achat », assure l’un des « négociateurs » socialistes du comité conjoint de BFMTV.
Lionel Jospin appelle « ne pas voter la censure »
Ce samedi 1er février, l’ancien Premier ministre Lionel Jospin a appelé les socialistes et plus généralement la gauche à « ne pas voter pour la censure ». « Lionel Jospin est une figure tutélaire très respectée du groupe, il a travaillé dans l’unité NFP, il ne s’est jamais compromis avec aucun gouvernement. Ses remarques ont été entendues », a déclaré un membre de la direction du groupe.
Ce samedi matin, pour sa part, Olivier Faure a appelé les députés à adopter une ligne unie. Mais rien ne dit qu’ils seront unanimes. « Je ne peux pas m’assurer que la discipline du groupe soit respectée », explique l’un des dirigeants du groupe PS avec BFMTV.
Les députés socialistes se réuniront lundi pour la session de présentation budgétaire, mais ils ne devraient pas décider avant mardi d’une position commune. Au cours de la motion précédente de censure, huit députés avaient décidé de censurer malgré la position inverse du groupe. Il reste à voir si cette position restera identique, même si cela signifie « passer pour ceux qui veulent briser l’alliance de la gauche ».
« Si nous ne votons pas la censure, les LFI nous frappent, mais quoi qu’il arrive, il nous a frappé », conclut un député fataliste.