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Au procès pour viol de Mazan, un expert psychiatre estime qu’il n’y a aucun profil d' »agresseur sexuel » parmi les sept derniers accusés

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La salle d'audience du tribunal judiciaire d'Avignon (Vaucluse), le 6 novembre 2024. (ANNA MARGUERITAT / HANS LUCAS)

L’expert Philippe Darbourg n’a pas non plus détecté de « tendances déviantes ou perverses » chez ces hommes, âgés de 30 à 69 ans. Toutefois, deux prévenus sont également poursuivis pour détention d’images pédopornographiques.

Existe-t-il un profil type de violeur ? Des critères objectifs permettant d’évaluer qu’une personne est capable d’agir ? Le 7 novembre, l’expert psychiatre Laurent Layet a livré son analyse devant le tribunal correctionnel du Vaucluse, constatant que « la plupart des accusés n’ont pas le profil criminologique des violeurs en série ». Cependant, ils ne peuvent pas être « catégorisés comme des hommes ordinaires »étant donné que « l’acte lui-même déplace l’individu dans une autre catégorie ». Laurent Layet, qui a examiné la moitié des 51 accusés du procès pour viol de Mazan, a précisé qu’évaluer la dangerosité d’une personne restait un exercice. « extrêmement complexe ».

Le sujet est revenu au centre des débats, mercredi 13 novembre, lors des expertises psychiatriques des sept derniers prévenus du procès, réalisées par le docteur Philippe Darbourg. Cet expert de 75 ans, dont une quarantaine d’expertises pour la justice, n’a détecté chez aucun de ces hommes, âgés de 30 à 69 ans, «tendances déviantes ou perverses». Deux de ces prévenus, Christian L. et Nicolas F., sont également poursuivis pour détention d’images pédopornographiques.

Le président du tribunal correctionnel du Vaucluse lui a transmis ces informations, auxquelles l’expert n’avait visiblement pas accès au moment de son interrogatoire. « Est-ce que cela pourrait changer vos observations ?le magistrat l’interroge sur Nicolas F., ancien journaliste de la presse locale du Vaucluse, où les enquêteurs ont retrouvé plus de 200 vidéos mettant en scène des mineurs. « Cela confirme la notion de sexualité incertaine, avec des comportements exploratoires »répond laconiquement l’expert.

Autre conclusion du psychiatre, commune aux sept accusés : aucun ne semble « comme un agresseur sexuel. » Pour le moins douteuse, Stéphane Babonneau, l’un des avocats de Gisèle Pelicot, s’est employé à remettre en question cette analyse, à l’issue de chacune des sept expertises. « Est-il nécessaire d’avoir des antécédents de frustration identifiée pour être défini comme agresseur sexuel ? demande-t-il en observant « des hommes qui, jour après jour, disent : ‘Je ne suis pas un violeur’, comme si un violeur était truffé de passions, d’obsessions. »

L’expert explique s’appuyer sur « éléments cliniques » Et « dispositions psychologiques, voire pathologies » de définir le profil éventuel dudit « agresseur ». « Je n’en ai trouvé aucun. » chez ces sept hommes, répète-t-il.

« Cette notion me semble dépassée et peut-être même dangereuse. »

Stéphane Babonneau, un des avocats de Gisèle Pelicot

devant le tribunal correctionnel du Vaucluse

« Si dans notre cas nous n’avions pas ces vidéos, l’affaire se résumerait à une parole contre parole, et votre conclusion serait un argument important pour la défense », souligne Stéphane Babonneau à la fin de la sixième expertise. « Elle disait : ‘Vous voyez, l’expert le dit, ce n’est pas un agresseur sexuel.' »ajoute-t-il.

Interrogé sans relâche par le conseil de la partie civile, le psychiatre a fini par apporter une nuance, reconnaissant qu’il aurait sans doute « il a fallu préciser qu’il ne s’agissait pas de prédateurs sexuels, mais d’hommes qui, dans des circonstances très précises, ont commis des abus sexuels ».

Il termine son témoignage avec l’expertise de Charly A., 30 ans, accusé d’être venu six fois au domicile du couple Pelicot, entre janvier 2016 et juin 2020. Stéphane Babonneau revient à la charge, notant que le psychiatre a lié le notion « agresseur sexuel » avec « la répétition des faits ». « Comment pouvons-nous conclure qu’il ne semble en aucun cas être un agresseur sexuel ?insiste-t-il.

« Il ne semble pas rechercher systématiquement les situations d’agression sexuelle comme un agresseur sexuel », avance l’expert. « Six fois, n’est-ce pas récurrent ? »agace le conseil de la victime. « C’est six fois dans des conditions très particulières : il a eu du mal à prendre conscience de sa responsabilité », considère le psychiatre, notant que le jeune homme lui a dit « ayant compris tardivement que Dominique Pelicot avait endormi sa femme ».

Son analyse fait écho à celle d’un de ses confrères, le Dr François Amic, qui a témoigné devant ce même tribunal, estimant que les 10 accusés qu’il a interrogés étaient sans doute manipulés par Dominique Pelicot. « A mon avis, il y a eu un mensonge : M. Pelicot n’a dit à personne que sa femme était droguée », affirmait début octobre l’expert psychiatre, s’opposant fermement à l’idée que l’accusé se serait rendu à Mazan sachant que la victime était droguée. « Je pense que la plupart des personnes impliquées étaient fascinées, un peu hébétées », a-t-il argumenté, déclenchant une vague de désapprobation de la part de la partie civile, ainsi que de Béatrice Zavarro, l’avocate de Dominique Pelicot.

Cammile Bussière

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