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au procès pour viol de Mazan, les justifications fantaisistes des accusés

Le tribunal correctionnel du Vaucluse a entendu ce jeudi sept hommes, tous accusés d’avoir violé Gisèle Pelicot. A l’exception d’un, les autres nient l’intention de viol.

Chaque accusé a la particularité de faire paraître le précédent moins dangereux. Les sept coaccusés dans ce procès pour viol de Mazan, qui comparaissent cette semaine, se sont relayés à la barre ou derrière le micro du box des accusés pour répondre des faits qui leur sont reprochés, à savoir les viols de Gisèle Pelicot.

Il est midi lorsque Redouan E. entre à la barre. Cet accusé s’était déjà fait remarquer dès le début du procès, se levant, essayant de parler. Il faut dire que cet homme de 55 ans a des choses à dire. Comme beaucoup d’autres, il reconnaît la relation sexuelle – tout a été filmé – mais nie l’intention de viol. Et il est venu le faire savoir. De tous les accusés entendus ce jeudi, cet homme, venu au domicile Pelicot en juin 2019, est le seul à dénoncer « les paroles sacrées de Gisèle Pelicot ».

« Quand je parle, ma parole a son poids, négligeable, Dominique Pelicot, sa parole a du poids, mais sa parole est sacrée », dénonce l’accusé qui avait demandé lors de l’enquête qu’on enquête sur les comptes bancaires du couple, sans qu’on comprenne. le lien avec l’affaire.

Entre peur et oubli

Avant cette mise en examen, une énième pour Gisèle Pelicot, Redouan E. avait évoqué sa « peur » de Dominique Pelicot. « Quand je l’ai vu, j’avais peur pour ma vie, il était tout rouge, il avait un regard terrifiant, il était directif », se souvient l’accusé venu pour « une rencontre amicale ». Alors une fois dans la pièce, dit-il, il le fait. « Je vois une femme allongée, vêtue de peu de vêtements. A-t-il tué sa femme ? Que va-t-il faire ? Il m’impliquera dans un meurtre », dit-il avec véhémence. Pour lui, Gisèle Pelicot est « soit endormie, soit morte ».

En raison de cette peur, Redouan E. a fait office de « bon élève », en imposant pénétrations et fellations à Gisèle Pelicot. Il parle d’« amnésie traumatique » pour décrire son état, sans que la définition du terme corresponde à ce qu’il décrit. L’accusé dit s’être concentré davantage sur Dominique Pelicot que sur la femme inerte. L’homme est infirmier libéral, il a obtenu au Maroc un diplôme d’infirmier anesthésiste-réanimateur. Une qualification qui interroge le tribunal sur son incapacité à détecter l’état d’inconscience de Gisèle Pelicot.

« Un être humain qui fait semblant de dormir, on ne peut pas distinguer s’il fait semblant de dormir ou s’il dort réellement. La seule façon de le savoir est un examen clinique », dit-il. avec certitude.

Et pour le prouver, « il va falloir faire parler les phoques », s’agace-t-il.

L’importance de regarder des vidéos

C’est ce qu’entend faire le parquet vendredi avec le visionnage des vidéos tournées par Dominique Pelicot. Le procureur de la République, les avocats de la partie civile et l’avocat du mari s’accordent à dire que Redouan E. n’est pas quelqu’un qui a peur. C’est également le cas de Jean T. filmé le pouce en l’air en train de maltraiter Gisèle Pelicot. Il est venu chez les Pélicots le 21 septembre 2018.

Il se souvient avoir été contacté par Dominique Pelicot sur Coco.gg, lui avoir donné rendez-vous pour le lendemain, avoir fait les 2h30 de route entre Lyon, où il habitait, et Mazan. Il se souvient d’être arrivé chez le couple, d’avoir bu un Coca… puis plus rien jusqu’à ce qu’il se retrouve dans son véhicule pour repartir. Accusant ainsi Dominique Pelicot de l’avoir drogué.

«Je ne vois rien dans vos yeux qui puisse altérer votre discernement», affirme Me Zavarro, l’avocat de la personne. Jean T. dit être venu pratiquer des « trios ». « Les souvenirs seraient bons pour la vérité, pour me défendre, là je passe pour un menteur ou un idiot », regrette-t-il. Le président lui fait remarquer que la supposée ingestion d’un produit anesthésique n’enlève en rien son enthousiasme. Là encore, il devra être confronté aux vidéos.

Le « fantasme » Pélicot

Comme Jean T., Simone M. reconnaît du bout des lèvres que Gisèle Pelicot a été violée et que « logiquement », c’est lui qui la viole. Mais « je ne suis pas un violeur », brandit-il. Il est le seul dont la victime connaissait le visage. Habitant Mazan, Dominique Pelicot l’a fait venir chez lui sous de faux prétextes pour montrer « comme sa femme est belle » et achever de le convaincre de participer à ce qu’il appelle « un jeu, un scénario ». « Nous avons tous des jeux sexuels dans notre relation, mais pas ce que M. Pelicot a fait avec sa femme. Vous ne faites pas ce que vous voulez avec votre femme, vous ne la jetez pas à la poubelle. » Mais ne se rendait-il pas compte que Gisèle Pelicot dormait ?

« Je n’ai pas cherché à aller plus loin, pour moi la drogue faisait partie de leur fantasme », plaide-t-il. Thierry Po. le rejoint. « Des grognements, un truc rauque, ça m’a surpris, j’avais l’impression qu’elle n’arrivait pas à se réveiller, je me suis dit ‘putain, ils vont loin’. »

Et comme Simone M., pour Thierry Pa, Adrien L., c’était leur première expérience libertine. « Je ne suis pas sorti de chez moi en me disant que j’allais commettre un viol », soutient Thierry Pa., avançant pour justifier son manque de souvenirs sur son alcoolisme et son état dépressif en lien avec la mort de son fils dans un accident de voiture. la route. Il répète qu’il n’avait pas cette intention. Adrien L. avait 23 ans en 2014 lorsqu’il rejoint les Pélicots. Il nie également le viol même s’il affirme ne « plus se souvenir exactement des faits ». « Je ne dis pas que j’ai été drogué, mais au fil des années… »

Un seul accusé reconnaît les viols

Reste Jérôme V. Il est le seul à reconnaître les viols, il est le seul accusé cette semaine à s’être rendu six fois chez les Pélicots. Il a évoqué son sentiment « d’abandon » en plein Covid. « C’est surprenant que certains coaccusés disent ne pas pouvoir être informés, Dominique Pelicot a été très clair dans la façon dont il drogue sa femme », assure cet homme de 46 ans. Il évoque « le caractère illégal et immoral » de ses actes « ignobles ».

S’il revient six fois, ce n’est pas parce que le « mode viol » lui « convenait », mais parce qu’il « n’arrivait pas à contrôler sa sexualité ». Une honnêteté qui s’arrête lorsque Jérôme V. revient sur les photos de lui envoyées par Gisèle Pelicot. « J’ai l’impression que c’est du chantage déguisé, à partir de là je deviens lâche », reconnaît-il, qualifiant sa relation avec le mari de « dominant-dominé ». S’il a un mot pour Gisèle Pelicot, Jérôme V. le reconnaît : « Heureusement que Dominique Pelicot ne m’a pas recontacté une septième fois, je ne sais pas si j’aurais pu lui dire non. »

Cammile Bussière

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