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Au procès en appel de Karachi, volte-face et clémence exigées par le parquet

Des pots-de-vin illégaux, oui… mais pas pour financer la campagne d’Edouard Balladur. Lors du procès en appel sur l’aspect financier de l’affaire Karachi, l’accusation a fait marche arrière par rapport à la première instance et a demandé des peines nettement inférieures.

Dans cette tentaculaire affaire trentenaire, six hommes ont été rejugés depuis le 3 juin, soupçonnés d’avoir participé à un système de commissions occultes en marge des grands contrats d’armement signés en 1994 avec l’Arabie saoudite et le Pakistan.

En première instance en juin 2020, le tribunal avait estimé – comme le parquet jusqu’à lundi – qu’une partie de cet argent, rapatrié sous forme de pots-de-vin illégaux vers la France, avait servi à alimenter l’échec de la campagne présidentielle d’Edouard. Balladur en 1995.

Mais en mars 2021, dans le volet ministériel de l’affaire, la Cour de justice de la République (CJR, seule habilitée à juger les ministres) avait à l’inverse acquitté l’ancien Premier ministre, jugeant que les éléments manquaient pour retracer la véritable origine. d’un paiement suspect de 10,25 millions de francs.

« Tout le monde dans cette pièce » a noté le « contradiction juridictionnelle » entre ces deux décisions, reconnaît l’un des deux avocats généraux, Bruno Revel.

Mais, ajoute-t-il à l’intention du tribunal, « Les décisions de la CJR ne vous engagent pas et vice versa. C’est une juridiction parallèle ».

Cependant, poursuit-il,  » cohérence « Couronne « n’ira pas à l’encontre de l’analyse » de la CJR.

Conséquence directe, pour l’ancien directeur de campagne d’Edouard Balladur, Nicolas Bazire, le parquet général n’exige pas « aucune condamnation »: un acquittement pour recel d’abus de biens sociaux et un renvoi « à l’appréciation » du tribunal pour complicité dans le même délit.

En première instance, M. Bazire a été condamné à une lourde peine de cinq ans de prison, dont deux avec sursis.

« Mystères »

Dans ce dossier entouré « des mystères »selon le parquet, on ne saura peut-être jamais d’où viennent ces fameux 10,25 millions de francs.

Certainement pas « vente de t-shirts » comme aurait pu le soutenir Edouard Balladur, reconnaît le procureur général. Alors peut-être « fonds secrets » de Matignon (argent liquide à l’époque distribué dans les ministères sans justification), comme Nicolas Bazire l’a clairement laissé entendre pour la première fois lors de son interrogatoire ? L’accusation ne fait aucun commentaire.

Comme en première instance, le parquet a requis des sanctions contre la mise en place d’un système de « prédation »avec d’énormes commissions au détriment de deux entités publiques et l’imposition d’un « Réseau K » d’intermédiaires (pour King en référence au roi d’Arabie) par le pouvoir politique alors qu’il était  » inutile « .

Contre les autres accusés – un industriel, deux intermédiaires et deux hommes politiques – le parquet a requis des peines bien inférieures, y compris des amendes, à celles prononcées en première instance (deux à cinq ans de prison).

Le ministère public a notamment requis quatre ans de prison avec sursis – et un acquittement partiel – contre Thierry Gaubert, proche de Nicolas Sarkozy impliqué dans la campagne Balladur.

Il a également requis trois ans de prison avec sursis contre Renaud Donnedieu de Vabres, qui avait contribué à  » imposer «  LE « Réseau K » au nom du ministre de la Défense François Léotard (condamné par la CJR à deux ans avec sursis pour son « un rôle central et moteur » dans l’imposition du réseau).

Contre Dominique Castellan, ancien patron de la Direction de la construction navale (DCNI), qui avait accepté de conclure « des contrats inutiles et exorbitants » alors qu’il aurait pu s’affranchir des directives du ministère, le parquet a requis deux ans de prison avec sursis.

Seule exception à la clémence du procureur de la République, le sulfureux intermédiaire Ziad Takieddine, au lourd casier judiciaire, en cavale et qui « J’ai beaucoup menti ».

Le deuxième avocat général Yves Micolet a demandé au tribunal de confirmer la peine de cinq ans de prison prononcée contre lui et de maintenir son mandat d’arrêt.

Le procès se poursuit mardi avec les arguments de la défense, la décision doit être réservée.

William Dupuy

Independent political analyst working in this field for 14 years, I analyze political events from a different angle.

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