« Avec mon mari, tout allait bien, il a toujours été une très bonne personne, un papa très protecteur. C’est inconcevable qu’il ait fait ça. Il nous a détruits. » La femme en sanglots qui a pris la parole mercredi 11 septembre devant le tribunal correctionnel du Vaucluse n’est pas Gisèle Pelicot. Et l’homme qui l’écoute en regardant ses pieds, dans le box des accusés, n’est pas Dominique Pelicot.
Cet homme, âgé de 63 ans, s’appelle Jean-Philippe Maréchal. Comme les autres accusés, Dominique Pelicot lui a expliqué comment il avait drogué sa femme pour abuser d’elle et l’a invité à venir la violer lui-même. Jean-Philippe Maréchal a toujours refusé. En revanche, il a appliqué chez lui la méthode de Dominique Pelicot, à qui il a, à son tour, suggéré de violer sa femme, Cilia Maréchal, la femme qui pleure au tribunal. Entre 2015 et 2020, Dominique Pelicot s’est rendu une dizaine de fois au domicile des Maréchal, alors que l’épouse avait été droguée. C’est le cas au sein du dossier.
Les événements ont pris fin une nuit de juin 2020 lorsque, visiblement pas assez droguée, Cilia Maréchal s’est réveillée en sursaut et a surpris un inconnu ventru dans sa chambre, à côté de son mari. Dominique Pelicot a pris la fuite, Jean-Philippe Maréchal a tenté de broder le mensonge d’une rencontre avec un inconnu qui voulait voir ses sous-vêtements. « Je n’y croyais pas, mais soupçonner qu’il s’agissait d’un viol, non, c’était impensable. »« Je ne sais pas ce que je veux dire, dit-elle, tandis que Jean-Philippe Maréchal s’enfonce de plus en plus dans le caisson. Dominique Pelicot, lui, ne s’enfonce pas : il n’est pas là pour écouter le récit de cette autre femme qu’il a violée dans son sommeil.
Depuis trois jours, le « procès Pelicot » se déroule sans Pelicot, malade et excusé, et l’audience piétine imperceptiblement. L’interrogatoire de l’accusé de 71 ans, attendu mardi matin, puis mardi après-midi, puis mercredi, est sans cesse reporté.
Tant qu’il est absent, on ne peut entendre ni ses fils David et Florian, ni son gendre Pierre, ni son frère Joël, qui ont beaucoup à dire, ni son ex-femme Gisèle, qui doit revenir à la barre, ni les autres accusés, qui trépignent de rage. Le calendrier du procès, déjà surchargé, a déraillé au premier grain de sable.
Impression flottante
La réorganisation de cette audience extraordinaire est un casse-tête. Personne n’a désormais la moindre idée de qui sera entendu, et quand ? Certaines parties civiles, pour qui il est compliqué d’être à Avignon tous les jours, sont dans l’embarras : un fils de Dominique Pelicot, constatant l’absence de ce dernier mardi, avait décidé de reprendre la route de Paris, mais il a rebroussé chemin à mi-chemin car il s’agissait finalement que son père soit effectivement de retour au tribunal mercredi matin, ce qui n’a pas été le cas.
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