Une route droite, un trottoir sec, sans le moindre obstacle à l’horizon. Mila voit encore la main de son beau-frère se poser sur le volant. Les phares l’éblouissent, « comme s’ils nous visaient ». Le sentiment d’être secoué « comme sur un manège ». Et grave, très grave, trop de maux de ventre. A la barre du tribunal judiciaire de Melun, mercredi 20 novembre, Mila se fige un instant pour raconter « le sentiment de vide » qui a suivi. Sa césarienne d’urgence à 27 semaines et cinq jours de grossesse. Sa fille Solin, mort-née. Mila comptait correctement lorsqu’elle la serrait dans ses bras : Solin avait tous ses doigts. Il pesait 1 090 grammes. L’accident l’a tuée in utero.
Mercredi soir, Pierre Palmade a été condamné à cinq ans de prison, dont deux ans pour blessures involontaires aggravées. Il n’a pas été poursuivi pour homicide involontaire car si le fœtus était « viable » selon les experts, Solin n’a montré aucun signe de vie extra-utérine et n’a donc pas de personnalité juridique établie. «Je suis dévastéa déclaré Pierre Palmade, lors de l’audience. C’est un débat juridique qui me dépasse. J’aurai toujours ce bébé sur ma conscience. »
Le 10 février 2023 à 18h45, une collision frontale sur une route départementale de Seine-et-Marne bouleverse la vie de Mila, alors enceinte de six mois, et de sa famille. Le corps écrasé de son beau-frère, résumé à 171 jours d’incapacité temporaire de travail, remonte douloureusement à la barre un an et demi plus tard.
« Le cerveau d’un toxicomane »
Appuyé sur une béquille, il énumère en fils les séquelles : les opérations, les médicaments, la rééducation, le handicap permanent de sa main gauche, les douleurs qui « frapper le cerveau »inquiétudes quant à l’avenir de son fils, également grièvement blessé dans l’accident, à l’âge de 6 ans. Mila ajoute aux conséquences de l’accident celles d’un post-partum sans bébé à câliner. Dépression, cauchemars et, » Malheureusement « , un visage familier à retenir : celui de Pierre Palmade, au volant de la voiture qui a brusquement fait une embardée et les a percutés violemment.
« L’accident repose exclusivement sur une grave erreur de conduite »» a conclu le procureur dans ses réquisitions, se montrant déterminant sur « le fléau de la conduite sous influence de drogues ». De la cocaïne et diverses drogues de synthèse ont été retrouvées dans le sang de Pierre Palmade.
Il vous reste 60,53% de cet article à lire. Le reste est réservé aux abonnés.