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Au procès de Peter Cherif, l’accusé reconnaît avoir servi de « traducteur » lors de la prise d’otages de trois humanitaires français par Al-Qaïda au Yémen

« Je ne répondrai pas à ta question. » Cette phrase, répétée des dizaines de fois comme un mantra, avait permis à Peter Cherif de traverser la première semaine de son procès sans s’exprimer sur les faits qui lui étaient reprochés : son rôle dans le recrutement par Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA) de son ami Chérif Kouachi pour commettre un attentat contre Charlie Hebdo.

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Mardi 24 septembre, la cour d’assises spéciale de Paris examinait le deuxième volet de ce procès : son implication dans la garde de trois humanitaires français enlevés au Yémen par AQPA, qu’il a toujours niée. Et, contre toute attente, Peter Cherif a reconnu les faits.

Le 28 mai 2011, trois Français travaillant pour l’ONG Triangle Génération Humainitaire, qui menait des projets d’irrigation au Yémen, ont été séquestrés pendant près de six mois. Après leur libération, ils ont déclaré qu’un « traducteur »Celui qu’ils surnommaient « le Français » avait servi d’interprète lors de leur détention. Ce dernier avait le visage caché par un foulard, mais plusieurs éléments indiquaient qu’il pourrait s’agir de Peter Cherif, qui se trouvait être le seul membre français d’AQPA au Yémen.

« C’était clairement cette voix »

Amélie M., 45 ans, est aujourd’hui assistante maternelle. Elle est la première des trois ex-otages à témoigner. « Je suis venu au Yémen en tant qu’humanitaire, c’était un projet de vie depuis l’adolescence, car j’ai pris conscience très tôt des choses qui n’allaient pas dans le monde »elle commence.

Alors qu’elle rentrait un jour chez elle avec ses deux collègues français, les trois humanitaires ont été kidnappées par un groupe d’hommes armés et emmenées dans un  » grotte «  au milieu du désert. Commence alors un long calvaire, fait de privations, d’angoisse et de nuits passées avec des chaînes aux pieds.

« Nous n’avons pas été maltraités »dit-elle. Mais la jeune femme souffre de ne pouvoir donner signe de vie à ses proches et de ce sentiment permanent « être une marchandise, n’être rien ».

« Que pouvez-vous nous dire sur le traducteur ? »» demande la présidente, Frédérique Aline. « J’ai eu la joie d’entendre ses paroles hier, à l’audience, et j’ai eu le sentiment que c’était clairement cette voix qui était présente pendant ma captivité. »répond l’ancien prisonnier.

« Je suis ce traducteur »

Le président se tourne ensuite vers l’accusé : « Mmoi M. fait référence à vous aujourd’hui en tant que cette voix. Voulez-vous réagir ? Peter Cherif a passé la majeure partie de son procès à exercer son droit de garder le silence. On s’attendait donc à ce qu’il fasse de même, lorsqu’il a déclaré d’une voix à peine audible : « Je suis ce traducteur. » Puis il se lança dans un long monologue : « Son témoignage concorde avec ce que j’ai pu observer. Cependant, le rôle que j’avais n’était pas simplement celui qu’elle percevait. J’étais l’interprète, mais je n’étais pas au courant que des humanitaires avaient été enlevés. J’ai été appelé par le cheikh responsable de leur enlèvement et il m’a demandé de traduire et de rester avec eux pour subvenir aux besoins de leur captivité. J’ai été mis au pied du mur… Malgré l’idéologie qui était la mienne à l’époque, ma conscience m’interdisait de leur faire du mal. J’étais très gêné par ce qu’on me demandait de faire. »

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Cammile Bussière

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