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au procès de l’accident du TGV Est de 2015, la dilution des responsabilités

La stèle à la mémoire des 11 personnes tuées après le déraillement du TGV Est à Eckwersheim (Bas-Rhin), le 14 novembre 2015. Ici, le 13 novembre 2017.

Des schémas complexes sont diffusés sur l’écran et tout le monde parle en sigles, on parle de FVPT et TVM, AEF et EAST, on étudie les notices d’essais quotidiennes et les fiches d’exploitation, on différencie vitesse de fond de ligne et vitesse de commercialisation, freinage rhéostatique et freinage pneumatique. .

Les débats semblent parfois très techniques devant le 31e chambre du tribunal correctionnel de Paris, où se tient depuis début mars le procès de l’accident du TGV Est à Eckwersheim. Mais la réalité du déraillement qui a causé la mort de onze personnes le 14 novembre 2015, lors d’une séance d’essais pour la ligne à grande vitesse, est terriblement simple : le TGV a freiné trop tard. Arrivé à 265 km/h dans un virage qu’il devait aborder à 176 km/h, la catastrophe était inévitable.

De qui est-ce la faute ? Le tribunal a la délicate mission d’établir les responsabilités et cherche à comprendre précisément ce qui s’est passé dans la cabine du TGV cet après-midi-là. « Il semble qu’il y ait eu un malentendu sur la stratégie de freinage », ont indiqué dans leur rapport les experts du Bureau d’enquête sur les accidents de transport terrestre. Cette quiproquo s’est déroulée à la barre, mardi 2 avril et jeudi 4 avril, où se sont relayés deux premiers prévenus : Francis L. et Denis T.

« Vous vous contredisez »

Denis T., 57 ans, était le conducteur du train qui a déraillé. Francis L., 64 ans, occupait le poste de « responsable traction » (CTT) et avait pour rôle de lui donner les consignes de freinage. Tous deux sont jugés pour « homicide et blessures involontaires » et encourent trois ans de prison et 45 000 euros d’amende. Pour faire simple : l’un est accusé d’avoir donné de mauvaises consignes de freinage, l’autre de les avoir obéies sans se poser de questions. A la barre, ni l’un ni l’autre n’ont clairement reconnu leur responsabilité.

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« Si le freinage avait été fait comme je l’ai demandé, nous n’en serions pas là aujourd’hui », a déclaré Francis L mardi. Est-ce lui qui a ordonné le recul – fatal – d’un kilomètre du point de freinage avant le virage ? A-t-il simplement validé cette idée sur proposition du conducteur ? A-t-il été clair dans son briefing avant le test ? A-t-il bien surveillé le moment du freinage ? Francis L. Louvoie, le tribunal s’agace :  » Ce n’est pas clair « , « ce n’est pas cohérent », « vous vous contredisez ».

En tant que CTT, il était l’autorité ultime dans la cabine. « J’étais l’intermédiaire » entre le responsable des tests – décédé dans l’accident – ​​et le conducteur, rectifie le prévenu, qui a passé son audition à interroger sa hiérarchie à la SNCF, Systra, la filiale chargée des tests, ou le conducteur qui ne l’aurait pas fait a suivi ses instructions de freinage. Commentaire de Gérard Chemla, avocat de la majorité des 89 parties civiles : « En fin de compte, tout le monde est responsable sauf vous. »

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Cammile Bussière

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