L’ex-avocat de Donald Trump, Michael Cohen, était attendu ce lundi 13 mai comme témoin clé à charge au procès de l’ancien président des Etats-Unis pour paiements cachés à une star du porno.
Donald Trump était au courant de paiements destinés à dissimuler des scandales sexuels « catastrophiques » lors de la campagne présidentielle de 2016, a accusé lundi son ancien avocat Michael Cohen, lors d’un témoignage choc au procès à New York de l’ancien président américain.
Celui qui était fidèle à Donald Trump, mais jure désormais sa chute, a également affirmé avoir menti, intimidé et menacé au nom de son ancien patron, lors d’une audience tendue dans la salle d’audience du tribunal pénal de Manhattan. Au cœur de l’affaire : des paiements cachés en 2016 à une star du porno, Stormy Daniels.
D’abord nerveux puis parlant vite et calmement, Michael Cohen, 57 ans, a décrit une à une les démarches qui l’ont amené à verser 130 000 dollars via le compte d’une société écran à cette actrice et réalisatrice de films pornographiques, de son vrai nom Stephanie Clifford.
Selon le témoignage assermenté de cet ex-avocat, le candidat Donald Trump lui aurait donné le feu vert pour payer Stormy Daniels et lui aurait promis de le rembourser : « Absolument, faites-le » et « ne vous inquiétez pas, vous serez remboursé », a déclaré Michael. Cohen, citant l’ex-président, juste avant l’élection présidentielle de novembre 2016.
« Les femmes me détesteront »
Donald Trump, qui allait affronter Hillary Clinton, lui a même parlé de supposées relations extraconjugales : « C’est un désastre (…) les femmes vont me détester. »
« Il m’a demandé de travailler avec (un patron de presse à l’époque d’un tabloïd, David Pecker) pour (…) arrêter ça », a déclaré Michael Cohen en référence à ce processus de « catch and kill ». d’acheter des articles dans les journaux tabloïds pour les « tuer ».
Après le récit brut livré huit heures la semaine dernière par Stormy Daniels sur une relation sexuelle en 2006 avec Donald Trump – qu’il nie – le témoignage de Michael Cohen, qui devrait se poursuivre mardi, constitue un moment clé dans ce procès historique aux enjeux politiques lourds. .
A 77 ans, le candidat républicain à la Maison Blanche risque la première condamnation pénale – éventuellement accompagnée d’une peine de prison – d’un ancien président dans l’histoire des Etats-Unis.
Cela ne l’empêcherait pas de se présenter le 5 novembre 2024 contre le président démocrate sortant Joe Biden.
« Oui madame »
L’ancien avocat, qui à l’époque ne démentait pas le surnom de « pitbull » que lui donnait Donald Trump, avait-il déjà « menti » et « intimidé » pour protéger son ancien patron ?
« Oui Madame » le procureur. « C’est ce qu’il fallait faire pour accomplir les tâches », a-t-il justifié.
Donald Trump est resté impassible, à l’écoute de son ex-complice, parfois un peu affalé sur sa chaise. Les deux hommes qui se vouaient une haine tenace n’échangèrent pas un regard.
Michael Cohen a également impliqué Donald Trump en affirmant qu’il était au courant des paiements versés à une mannequin de Playboy, Karen McDougal, pour la faire taire en raison d’une prétendue liaison.
Donald Trump lui aurait demandé de « s’assurer » que l’histoire « ne sorte pas ». Le jury a encore pu entendre l’enregistrement audio d’une conversation privée où les deux hommes discutent d’un paiement à Karen McDougal.
« Frais juridiques »
Après que Michael Cohen lui-même ait payé 130 000 dollars à Stormy Daniels, Donald Trump l’a remboursé en 2017 alors qu’il était président. Selon l’accusation, ces frais auraient été déguisés en « frais juridiques » dans les comptes de la société immobilière familiale, la Trump Organization. Objectif : cacher que l’argent avait servi à étouffer ce scandale puisque Donald Trump était marié à Melania depuis 2006.
Le milliardaire est poursuivi pour 34 délits de falsification comptable, qui pourraient théoriquement lui valoir une peine de prison. Lorsque l’affaire a été révélée par le Wall Street Journal en 2018, Michael Cohen avait affirmé avoir payé Stormy Daniels de sa propre initiative, sans en informer Donald Trump.
Rattrapé par la justice, celui qui se piquait autrefois d’être prêt à « prendre une balle pour Donald Trump » s’est retourné contre lui, affirmant avoir agi sous ses ordres.
Il a plaidé coupable en 2018 de fraude fiscale, de fausses déclarations au Congrès et de violation des lois sur le financement des campagnes électorales, cette dernière infraction étant directement liée au paiement à Stormy Daniels. Condamné à trois ans de prison, il a passé un an derrière les barreaux.
L’ancien avocat devrait faire l’objet mardi d’une avalanche de questions de la part de la défense, qui l’a présenté comme un menteur pathologique.
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