Face à l’exode des jeunes diplômés, le gouvernement portugais propose une exonération d’impôt sur le revenu pour les moins de 35 ans afin de stimuler leur engagement dans l’économie nationale.
Une exonération d’impôt sur le revenu étalée sur dix ans
Depuis plusieurs années, le Portugal est confronté à une vague d’émigration massive de sa jeunesse, attirée par des opportunités plus attractives à l’étranger. Pour tenter de freiner ce phénomène, le gouvernement de droite modérée, dirigé par Luis Monténégro, a décidé de jouer sur la fiscalité. Le projet de budget 2025, qui sera voté fin octobre, comprend une mesure phare : une réduction de l’impôt sur le revenu pour les jeunes de moins de 35 ans, destinée à favoriser leur maintien dans le pays.
La mesure phare de ce projet repose sur une exonération fiscale progressive sur une période de dix ans. Concrètement, les jeunes travailleurs seront entièrement exonérés de cet impôt durant leur première année d’activité professionnelle. Ensuite, l’impôt augmentera progressivement : ils ne paieront que 25 % de l’impôt durant les quatre années suivantes, 50 % entre la cinquième et la neuvième année, pour atteindre 75 % la dixième année. Cette mesure s’appliquera à tous les jeunes ayant un revenu annuel inférieur à 28 000 euros, un seuil légèrement supérieur au salaire moyen portugais, qui s’élevait à 23 700 euros en 2023.
Le gouvernement espère ainsi répondre à la fuite des cerveaux qui fragilise le pays, notamment parmi les diplômés. Chaque année, plus de 40 000 Portugais âgés de 15 à 39 ans quittent le pays, selon l’Observatoire de l’émigration de l’Institut universitaire de Lisbonne. Aujourd’hui, près d’un quart des Portugais de cette tranche d’âge vivent à l’étranger.
Un compromis entre les partis
Cette initiative, bien qu’orchestrée par le gouvernement de droite, a été ajustée grâce à des négociations avec le Parti socialiste (PS), principal parti d’opposition. Les socialistes ont insisté pour que cette réduction d’impôt soit limitée aux revenus moyens et pour qu’une progressivité s’instaure au fil des années. Le gouvernement, de son côté, avait dans un premier temps envisagé une mesure plus agressive, en proposant un impôt de 15% pour tous les jeunes de moins de 35 ans disposant de revenus allant jusqu’à 81 199 euros par an.
Pedro Nuno Santos, secrétaire général du PS, a exprimé sa satisfaction d’avoir réussi à modérer le projet initial. Le PS s’abstiendra lors du vote du budget au Parlement, permettant ainsi l’adoption de la mesure. Cette alliance transpartisane met en évidence un consensus politique autour de la nécessité de retenir et de faire revenir les jeunes talents.
Outre cette réforme fiscale, le projet de loi de finances prévoit également une réduction de l’impôt sur les sociétés, qui passera de 21% à 20%, ainsi qu’une augmentation des salaires dans la fonction publique, notamment pour les enseignants. , la police et les agents de santé.
Malgré ces efforts, la Banque du Portugal et le Fonds monétaire international (FMI) ont exprimé leur inquiétude quant à la combinaison de réductions d’impôts et d’augmentation des dépenses publiques, y voyant un « cocktail dangereux ». Le gouvernement se veut toutefois rassurant, tablant sur une croissance économique modérée de 1,8% en 2024 et de 2,1% en 2025. Les prévisions budgétaires pour 2025 restent optimistes, avec un excédent public projeté à 0,3% et une dette publique qui devrait continuer à baisser. à 93,3% du PIB.