Au Portugal, un centre de rééducation pour les blessés ukrainiens

« J’espère vraiment pouvoir retourner au front très bientôt. Dès que je serai rétabli.» Maksym Pavli n’a que 22 ans. Ce jeune Ukrainien a été blessé sur le front de la guerre contre la Russie. D’abord opéré dans son pays, il a ensuite rejoint mi-juin, avec 14 autres camarades, le centre de rééducation d’Aldeia Nova, un minuscule village de la région d’Ourém, au nord de Lisbonne.

Le jeune soldat ne perd pas son calme même si parfois son regard semble absent. « Je venais de terminer mes études de programmeur informatique et je travaillais depuis six mois lorsque la guerre Je n’avais pas prévu d’aller me battre, mais quand l’incorporation obligatoire à 21 ans a été décidée, je me suis engagé.» La blessure du jeune soldat est invisible. « Un ami m’a remplacé dans une tranchée. Il a été tué sur le coup par un missile russe. À ma place »dit-il en baissant la voix.

1,5 million d’euros pour la rénovation

Le centre de réadaptation dans la campagne portugaise a été créé à l’initiative d’une association ukrainienne, Help-UAPT, basée au Portugal. Il leur a fallu deux ans pour rénover les bâtiments – concédés pour sept ans – d’un ancien séminaire qui abritait auparavant une école pour enfants en difficulté. Les bâtiments blancs, disposés en « L » autour d’une grande cour, sont astucieux. « Il n’y a plus de place dans Hôpitaux ukrainiens pour recevoir les blessés du front. Les opérations se font sur place, en Ukraine. Ici, il ne s’agira que de postopératoires»explique Vitaly Melichuk, l’un des responsables de Help-UAPT. Le centre s’appelle « Phénix », celui qui renaît de ses cendres, dont l’effigie orne désormais la cour. Les travaux ont été financés par des entreprises comme la portugaise Sonae (distribution) et la française Adeo (Leroy Merlin), des dons collectés par une église évangélique étrangère et des membres de l’association.

Le coût de la rénovation s’élève à plus de 1,5 million d’euros. Le centre pourra accueillir à terme 200 patients. Les espaces communs, les chambres simples mais confortables, les lits médicaux et le gymnase ultramoderne pourraient rendre jaloux n’importe quel dispensaire. « C’est l’aboutissement de la détermination du Portugal. C’est un petit pays d’Europe, mais il a une immense compassion humaine. C’est un exemple à suivre. J’espère que d’autres centres similaires suivront. »»commente Angelo Neto, porte-parole de Help-UAPT.

Soutien psychologique aux blessés

Les bénévoles ont beaucoup contribué au développement de l’espace. Tatyana, une Luso-Ukrainienne, ne compte plus les heures passées à restaurer les bâtiments. «Nos compatriotes se battent pour protéger l’Europe», a déclaré ce premier résistant pour justifier leur présence. « C’est calme ici, pas de sirènes pour les effrayer. » Ils bénéficieront également d’un soutien psychologique. Lada, psychothérapeute, s’est portée volontaire pour aider les patients. « Le Portugal ne dispose pas de professionnels de santé spécialisés dans les traumatismes de guerre. Je suis formée par des médecins ukrainiens. Dans ce domaine, il faut parler la langue »elle explique dans un portugais encore hésitant. « Je veux me reposer, récupérer. Ensuite, je retournerai au front.»a expliqué Maksym, qui est depuis retourné dans son pays après deux semaines passées au centre.

Les hauts gradés militaires ukrainiens qui accompagnaient le premier groupe de 15 soldats restent discrets sur cette opération. Elle comporte des risques, ne serait-ce qu’en raison de l’éloignement géographique entre les deux pays. Le voyage aller du groupe fut mouvementé : la Pologne leur refusa l’accès à Varsovie où ils devaient prendre un avion pour Lisbonne. Il fallut l’intervention des ambassadeurs portugais et de l’association pour convaincre les Polonais. « C’est un test pour l’armée ukrainienne. La mission Phoenix est un succès »« La suite des événements dépendra de nombreux facteurs, à commencer par le financement. À long terme, Phénix devrait construire au moins une vingtaine de bungalows pour accueillir des familles de réfugiés », explique Angelo Neto.

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60 000 réfugiés ukrainiens au Portugal

Le Portugal accueille 60 000 réfugiés ukrainiens sous la protection temporaire de l’Union européenne (Eurostat, avril 2024).

Aide à l’Ukraine. Lisbonne prévoit de consacrer 220 millions d’euros en 2024 à l’aide à l’Ukraine sous forme de moyens techniques, de drones, ainsi que de formation. Le même montant devrait être alloué en 2025.

À la fin du 20e siècle^et Au cours du siècle dernier, le Portugal avait accueilli de nombreux Ukrainiens. Mais les crises économiques de 2002 et surtout celle de 2008 ont entraîné le départ d’une partie d’entre eux. Ceux qui sont restés installés avec leur famille. Ils travaillent souvent dans le bâtiment et les services.

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