La capitale péruvienne, Lima, s’est barricadée pour recevoir les 15 et 16 novembre les chefs d’État et les représentants de vingt et un pays de la Coopération économique Asie-Pacifique (APEC), dont le président américain Joe Biden et le président chinois Xi Jinping. . La métropole a mobilisé 13 000 policiers et décrété trois jours fériés, à compter du jeudi 14 novembre, pour limiter les déplacements de 10 millions d’habitants. Quelque 600 soldats américains sont également présents, tandis que la population profite du sommet pour dénoncer la violence des gangs liée au trafic de drogue.
A Lima, cette année, le président chinois aura les honneurs du pays hôte : Xi Jinping effectue également une visite d’État, qui devait débuter jeudi par l’inauguration, à distance, d’un gigantesque port chinois en eaux profondes, à Chancay. une petite ville située à 75 kilomètres au nord de la capitale.
Simple port de pêche jusqu’il y a six ans, le site a séduit l’armateur chinois Cosco Shipping Ports, grâce à ses 18 mètres de profondeur qui pourront accueillir les plus gros cargos, transportant jusqu’à 18 000 conteneurs à la fois. . Installé sur 141 hectares, le port a déjà coûté 1,3 milliard de dollars (1,2 milliard d’euros) à un consortium dont Cosco détient 60%, avec l’opérateur minier péruvien Volcan, et pourrait, à terme, représenter un investissement de 3,5 milliards de dollars. dans la ville de 60 000 habitants. Il deviendra alors l’un des principaux ports d’Amérique Latine. Et une vitrine des « nouvelles routes de la soie », ce vaste projet économico-diplomatique qui fixe le cap des investissements chinois à l’étranger, principalement dans les infrastructures. A condition que ce soit une réussite.
« De vrais besoins économiques »
Car le projet ambitieux, qui représente 1,3% du PIB péruvien, n’est pas sans rappeler certains « éléphants blancs », ces projets trop lourds à supporter pour les pays en développement qui les ont reçus. Chancay, malgré son coût élevé, devrait éviter cet écueil : « Ce n’était pas un projet politique. Initialement, la demande provenait de sociétés minières, chinoises et non chinoises, qui avaient déjà des investissements au Pérou. Cela répond à de réels besoins économiquesexplique Bruno Binetti, chercheur à la London School of Economics, et auteur d’une thèse sur les investissements chinois en Amérique latine.
Autre avancée par rapport à certains projets de « nouvelles routes de la soie », Chancay avancera en plusieurs phases, avec quatre quais ouverts cette année, et jusqu’à quinze qui pourraient être construits en fonction de la demande future. « Le projet final est très ambitieux, mais la construction n’a pas encore commencé : cette approche est de plus en plus courante pour les entreprises chinoises en Amérique latine : elles sont plus prudentes et réalisent des études de marché sérieuses. »précise M. Binetti. Les exportations de minerais devraient déjà assurer la viabilité du port, estime le chercheur. Le Pérou est le deuxième producteur mondial de cuivre, dont 67 % sont destinés à la Chine.
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