au Nord, un éventuel durcissement de la législation sur les combats de coqs ne surprend pas les éleveurs
Un projet de loi doit être examiné jeudi au Sénat pour interdire ce spectacle aux mineurs de moins de 16 ans. Ils sont encore autorisés aux Antilles, à la Réunion et dans le nord de la France, où l’on a assisté à certains de ces combats entre éleveurs belges et français.
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La législation sur les combats de coqs sera-t-elle durcie ? Ils sont toujours autorisés au nom de la tradition aux Antilles, à la Réunion, dans le Nord et dans le Pas-de-Calais. Un projet de loi visant à interdire aux moins de 16 ans d’assister à ces spectacles, ainsi qu’aux corridas, doit être examiné jeudi 14 novembre par les sénateurs. Une pétition en ligne réclame même l’interdiction de ces émissions jugées cruelles par les défenseurs des droits des animaux. Franceinfo a été témoin de combats de coqs dans le nord de la France, dernière région métropolitaine à les autoriser.
Venu parier et voir le spectacle à Mouchin, village du Nord tout proche de la frontière belge, Bruno n’est pas déçu. « Je n’ai jamais vu un combat de coqs de ma vieil explique. J’ai un ami qui m’en a parlé et il m’a dit que c’était une maladie. Et les coqs, en fait, ne montrent aucune pitié. » L’ambiance est surchauffée dans le gallodrome. Deux cents personnes sont rassemblées autour d’un ring entouré de grillages. Lorsque les propriétaires présentent au public leurs coqs sortis de leurs loges, les paris sont ouverts : 5, 20 ou 50 euros sur le coq belge ou français.
Il faut se dépêcher, car le combat se termine parfois au bout de quelques secondes par la mort de l’un des deux coqs. Ici, les protagonistes sont armés. « Ils ont une paire de talons et on met une paire d’aiguilles au bout du talonexplique Thierry, éleveur de paris du Pas-de-Calas. La pointe pénètre dans le corps de l’autre coq. Mais ce n’est pas cruel du tout. Quand on lui dit que le coq souffre encore, il le reconnaît. Mais il prétend que les coqs « sont nés pour se battre. S’ils ne se battent pas, ils mourront. Le sang leur montera à la tête et ils mourront. »
Ce que les éleveurs appellent le coq de combat est aussi un animal reproducteur. Il y a des lignes, des croisements et une bonne année de travail avant d’arriver à un coq de combat. Mateo, jeune éleveur et chaudronnier de 20 ans, consacre tous ses loisirs et ses économies à prendre soin de ses vingt gallinacées. « Il faut une heure et demie par jour pour s’occuper des coqs, tous les joursexplique Mateo. Nous devons leur donner de la nourriture, nous leur donnons des vitamines. Après, c’est la période de mue, alors on s’en occupe. Nous leur donnons des légumes qui les font muer plus vite pour qu’ils n’aient pas mal. »
Mateo a toujours vécu parmi les coqs, comme son père et son grand-père. Il hausse les épaules quand on évoque les menaces qui pèsent sur les combats de coqs : « Nous avons toujours vécu avec cette peur car il y a toujours une protection animale. En fait, il y a toujours des gens comme ça. Alors oui, c’est une peur, bien sûr, mais en même temps, on se dit qu’on nous dit ça depuis 20 ans. »
Avec la baisse continue du nombre d’élevages et du nombre de combats, ou encore l’interdiction de nouveaux gallodromes, de nombreux éleveurs sont convaincus que la tradition des combats de coqs va un jour s’arrêter, faute de combattants.