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Au nord du Liban, vingt-quatre personnes tuées à Aïtou dans un bombardement israélien

Jamais l’aviation israélienne n’avait frappé aussi loin le nord du Liban depuis le début de la guerre entre le Hezbollah et l’Etat hébreu. Au moins vingt-quatre personnes, douze femmes, dix hommes et deux enfants, ont été tuées lundi 14 octobre dans un bombardement qui a visé Aïtou, un village de la région de Zghorta, une zone montagneuse majoritairement peuplée de chrétiens maronites. La région est aussi le fief de Sleiman Frangié, chef de la brigade El-Marada et ancien ministre : un leader maronite proche de Bachar Al-Assad et candidat à la présidence libanaise du tandem chiite formé par le parti Amal et le Hezbollah.

Des vêtements emportés par l'explosion lors d'une frappe aérienne israélienne, à Aïtou, au nord du Liban, le 15 octobre 2024. Des vêtements emportés par l'explosion lors d'une frappe aérienne israélienne, à Aïtou, au nord du Liban, le 15 octobre 2024.

Mardi, au moins deux personnes portées disparues étaient toujours recherchées par une équipe de la Croix-Rouge sous le regard inquiet des habitants du village. Les victimes, une famille de déplacés de la ville chiite d’Aïtaroun, dans le sud du pays près de la frontière israélo-libanaise, s’étaient récemment installées à Aïtou : un petit village de montagne situé à une heure et demie de route de Beyrouth.

De la maison à trois étages qu’ils louaient, située au bout d’un petit chemin qui grimpe à flanc de montagne, il ne restait, mardi 15 octobre, qu’un immense tas de décombres fouillés à mains nues par les sauveteurs, qui étaient recueillant toujours les restes des corps des victimes, la maison ayant été littéralement effacée de la surface du sol par la puissance de l’explosion. Seulement deux voitures réduites en épave et un pick-up transpercé par les éclats de la bombe témoignent d’une occupation des lieux : la grève avait visiblement été planifiée de manière à ne laisser aucune chance aux habitants de la maison. Cinq personnes, dont un enfant, se sont enfuies, prises en charge par trois hôpitaux de la région, selon un officier des Forces de sécurité intérieure présent sur place.

« Créer des conflits internes »

Le nom d’un homme présenté comme un « cadre politique » du Hezbollah, qui fait partie de la liste des victimes communiquée par la municipalité d’Aïtaroun, la ville d’origine des déplacés, a été avancée par les médias libanais : une information à ce stade invérifiable. « Si c’est bien lui, il a été pris pour cible vingt minutes après son arrivée », témoigne un habitant d’Aïtou en désignant l’une des voitures détruites. « C’est lui qui payait le loyer de la famille », ajoute le trentenaire, qui ne s’emporte pas : « Si les Israéliens le visaient, pourquoi ne pas l’attaquer sur la route au lieu de massacrer vingt-trois autres personnes ? »

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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