au nord de Gaza, l’acheminement chaotique des convois humanitaires
Publié
Mise à jour
Temps de lecture : 2 minutes
Au nord de la bande de Gaza, les rares distributions alimentaires se déroulent dans le chaos. Un journaliste présent sur place, contacté par franceinfo, livre son témoignage.
À Gaza, si rien ne change, la famine dans le nord de l’enclave est inévitable. Il n’y a pas suffisamment de camions qui transitent et les efforts déployés par d’importantes familles gazaouies pour organiser la distribution ont été sabotés par l’armée israélienne, affirment les Palestiniens. Dans une vidéo publiée sur Instagram, Abdelkader Sabbah explique comment l’armée israélienne est soupçonnée de vouloir entraver la sécurité et le stockage de l’aide humanitaire dans la partie nord de l’enclave. Il est journaliste et documente ce qui se passe dans le Nord.
Contacté par franceinfo, il explique que la distribution de l’aide humanitaire était devenue chaotique. Les convois ont été arrêtés sur la route quelques centaines de mètres après le barrage militaire israélien. Ils ont été pillés par des milliers de personnes au détriment des communautés plus au nord qui avaient difficilement accès à l’aide.
« L’armée israélienne n’a pas apprécié cette situation »
L’ONU a donc appelé il y a quelques semaines les chefs de famille à permettre aux camions d’avancer et d’atteindre les communautés plus au nord. « Nous avons réussi à amener les communautés et les quartiers à s’organiser. Ce n’était pas facile, le secteur est extrêmement dangereux, Le juge Georgios Petropoulos, qui dirige la coordination de l’ONU à Gaza. Il est difficile pour des personnes qui se trouvent à ce niveau de désespoir et de famine de faire preuve de patience et de discipline au sein d’une organisation qui s’est avérée plus compliquée que prévu. Nous ne savons pas combien de temps cela va durer. »
« Au départ, nous espérions faire venir 40 camions par jour. Nous voulions inonder le nord de nourriture. Et en fait, nous avons entre sept et huit camions tous les deux jours. »
Georgios Petropoulosfranceinfo
Selon Abdelkader Sabbah, les clans du nord de Gaza ont donc commencé à sécuriser les convois en coordination avec la police du Hamas. Ils ont permis que l’aide humanitaire soit acheminée plus au nord pour y être stockée. Mais il assure que l’armée israélienne a ciblé les responsables. « L’armée israélienne n’a pas aimé cette situation, c’est pourquoi elle a bombardé la plupart des entrepôts qui contenaient la nourriture. Il n’y avait plus de moyen sûr de distribuer l’aide car l’armée ne permettait à personne d’y accéder. » se lamente-t-il. Car lorsque la sécurité a tenté d’être présente aux carrefours proches de l’arrivée des camions, ils ont été bombardés. Le mois dernier, par exemple, il y a eu des tentatives pour sécuriser l’arrivée de l’aide, mais les gens ont été bombardés. »
« Les services de sécurité ont commencé à s’éloigner des camions, poursuit Abdelkader Sabbah, et les gens ont commencé à se précipiter vers les camions et à récupérer ce qu’ils pouvaient obtenir. » Des coordinateurs palestiniens et des responsables de la police ont été tués par les Israéliens au cours des 15 derniers jours. L’armée israélienne aurait cherché, sans succès, à recruter des familles pour sécuriser des convois privés. Aujourd’hui, elle affirme n’imposer aucune limite à l’aide humanitaire. Dans ce contexte chaotique, fin mars, le Programme alimentaire mondial avait quand même réussi à faire passer sept camions par le nord de Gaza.