au moins 31 morts dans une bousculade lors du recrutement de l’armée à Brazzaville

Au moins 31 jeunes sont morts dans la nuit de lundi à mardi dans une bousculade lors d’une opération de recrutement de l’armée dans la capitale congolaise, Brazzaville, ont annoncé mardi 21 novembre les autorités du pays. Quelque 145 personnes ont également été blessées, a déclaré à la presse le porte-parole du gouvernement, Thierry Moungalla. Une information judiciaire a été ouverte.
Un bilan provisoire publié par la cellule de crise mise en place par le Premier ministre fait état de 37 décès. Les agents chargés de sécuriser le site affirmaient qu’il y avait plusieurs milliers de jeunes candidats au recrutement. Certains ont forcé le portail, d’autres ont sauté par-dessus un mur. De nombreuses images, partagées sur les réseaux sociaux et dont certaines ont été authentifiées par l’Agence France-Presse, montrent des dizaines de corps sans vie déposés à la morgue municipale, ainsi que des blessés admis au Centre hospitalier universitaire (CHU) de Brazzaville et à l’hôpital. Hôpital militaire.
Dans au moins deux vidéos tournées à l’intérieur de la morgue, les restes de jeunes hommes gisent au sol, certains torse nu, d’autres en shorts et t-shirts.
« Nous ne pouvions pas tous entrer en même temps »
L’armée congolaise a annoncé la semaine dernière le recrutement dans ses rangs de 1 500 jeunes âgés de 18 à 25 ans. Lundi, tard dans la nuit, des candidats ont forcé la porte du stade Michel-d’Ornano, où se déroule le recrutement, au centre-ville de Brazzaville. Une bousculade s’est ensuivie, au cours de laquelle de nombreuses personnes sont tombées et ont été piétinées, ont indiqué des habitants.
« Il y avait trop de monde, on ne pouvait pas tous entrer en même temps »» déclare un survivant de 24 ans sous couvert d’anonymat. « Des gens sont tombés et d’autres leur ont marché dessus », il continue. Certains blessés sont dans un état grave, selon les témoignages de proches.
Dans une vidéo partagée sur Facebook, André Oko Ngakala, procureur de la République, qui s’est rendu sur les lieux du drame, affirme avoir ouvert une enquête. « en procédure flagrante » pour établir les responsabilités. Accompagné de responsables militaires chargés de la sécurité du site, le procureur a alors déclaré qu’il se rendrait dans les trois structures hospitalières où étaient soignés les blessés.
« Les opérations de recrutement sont suspendues à Brazzaville jusqu’à nouvel ordre »selon un communiqué du commandement de l’armée congolaise diffusé à la télévision d’Etat.
L’opposition dénonce la responsabilité de l’Etat
Ce drame traduit « le désarroi d’une jeunesse sacrifiée » dans un pays où « les forces de défense et de sécurité sont devenues les principaux pourvoyeurs d’emplois »» a dénoncé l’ONG congolaise de défense des droits de l’Homme CAD (Centre d’Action pour le Développement).
« La responsabilité du gouvernement doit être directement engagée, car il n’a pas évalué les risques de son action »a déclaré le directeur exécutif de l’ONG, Trésor Nzila, appelant à « une enquête exhaustive ».
De son côté, la Fédération de l’opposition congolaise (FOC), qui soutient le général emprisonné Jean-Marie Michel Mokoko, a fustigé « chômage, pauvreté et précarité (…) imposé à la jeunesse par l’échec des politiques économiques du camp du président Sassou Nguesso. Pour le FOC, « L’État est civilement et pénalement responsable de cette tragédie nationale ».
Mis à jour le 21 novembre 2023 à 20h30 : le bilan provisoire publié par la cellule de crise mise en place par le Premier ministre, qui faisait état de 37 décès, a été revu à la baisse par les autorités.
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