Au moins 3 601 produits chimiques ont pénétré dans notre corps par le biais des emballages alimentaires
Plats à emporter, bouteilles d’eau, film plastique autour d’un morceau de viande… Les emballages alimentaires sont désormais difficiles à éviter au quotidien. Et pourtant, leur pouvoir nocif sur le corps humain vient d’être à nouveau confirmé dans une étude publiée ce mardi 17 septembre dans le Journal of Exposure Science and Environmental Epidemiology.
Selon les résultats de l’étude, plus de 3 000 produits chimiques présents dans les emballages alimentaires ont désormais infiltré le corps humain, rapporte le Washington Post. Et si la plupart de ces produits chimiques proviennent des emballages en plastique, les contenants en papier et en carton recyclé sont également concernés.
3 601 substances chimiques détectées dans le sang, les cheveux et le lait maternel humains
Pour mener leur étude, les chercheurs ont d’abord répertorié les produits chimiques connus pour être présents dans les emballages alimentaires, les ustensiles de cuisine et autres équipements de transformation des aliments.
Ensuite, en utilisant des bases de données mondiales, ils ont recherché la présence de ces produits dans le corps humain. Leurs résultats : sur les quelque 14 000 produits chimiques recherchés, 3 601 ont été retrouvés dans le corps humain. Et ce dans des échantillons de sang, de cheveux et même de lait maternel.
Les produits chimiques identifiés comprennent des métaux, des composés organiques volatils, des substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées ou PFAS, des phtalates et de nombreuses autres substances connues pour perturber le système endocrinien et provoquer des maladies telles que le cancer.
Bien que l’étude n’ait pas examiné directement le lien avec ces maladies, les chercheurs estiment que cet inventaire pourrait aider les recherches futures sur le sujet : « Il existe des produits chimiques dangereux dont on sait qu’ils ont des effets néfastes sur la santé humaine (…) et ces produits chimiques s’échappent des emballages », confirme Jane Muncke, directrice scientifique du Food Packaging Forum et l’une des auteures de l’article.
Les aliments riches en graisses sont plus risqués
« Nous ne pensons pas à la façon dont les emballages (principalement) en plastique libèrent des produits chimiques dans nos aliments, mais ils constituent une source importante d’exposition humaine », « C’est une étape majeure », a confirmé au Washington Post R. Thomas Zoeller, professeur de biologie à l’Université du Massachusetts qui n’a pas participé à la recherche. « Il s’agit d’une indication précoce que des produits chimiques nocifs, en grande partie non réglementés, pénètrent dans la population humaine. »
La quantité de produits chimiques pouvant s’infiltrer dans l’organisme dépend du type d’emballage mais aussi du type d’aliment, précise le quotidien américain. Certains facteurs peuvent augmenter les risques de contamination, comme une température élevée par exemple. Les chercheurs conseillent donc notamment d’éviter de mettre les aliments à emporter au micro-ondes.
Certains aliments sont également plus susceptibles d’absorber les produits chimiques contenus dans leur emballage : les aliments riches en graisses ou en acidité le sont aussi. Le contenant a également son importance : plus l’aliment est « étanche » à l’intérieur de son emballage, plus il y a de points de contact et plus le risque de contamination est élevé.
Jane Muncke cite l’exemple d’une vinaigrette qui lui a été servie pendant un vol : « Ils ont servi la salade avec une petite bouteille en plastique de 15 ml d’huile d’olive et de vinaigre qu’on pouvait verser dessus (…) Je me suis dit : ‘Bon, je ne vais pas manger ça.’ »
Repenser la réglementation sur les emballages alimentaires
Si la plupart des produits chimiques capables de s’infiltrer dans le corps humain proviennent d’emballages en plastique, d’autres contenants sont également à risque. « Le pire, c’est probablement le papier et le carton recyclés », explique Jane Muncke. « Et je sais que c’est difficile à avaler. »
Le chercheur explique que le recyclage du papier, du carton ou du plastique, ensuite utilisé comme emballage alimentaire, entraîne la présence d’encres non alimentaires qui se mélangent aux aliments, augmentant ainsi les risques chimiques, rapporte The Washington Post.
Les chercheurs – qui viennent du Food Packaging Forum (Zurich), de l’Institute of Environmental Health Science de l’Université Wayne (Detroit, USA) et de l’Institut fédéral suisse des sciences et technologies aquatiques – affirment qu’il est désormais important de mieux tester les emballages alimentaires utilisés dans le commerce afin de mettre en place de nouvelles réglementations.
« Nous devons réfléchir à des moyens constructifs pour aller de l’avant et garantir la sécurité de ces matériaux », déclare Jane Muncke. Elle conclut : « Ce qui m’inquiète beaucoup, c’est que nous ne le faisons pas déjà. »
GrP1