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Au Mexique, une élection présidentielle sur fond d’insécurité

Au Mexique, les cartes politiques sont redistribuées tous les six ans, à la fin du mandat présidentiel. La Constitution interdisant la réélection du chef de l’Etat, de nouveaux prétendants apparaissent, plus ou moins connus, plus ou moins expérimentés. Les préoccupations des Mexicains restent les mêmes : la lutte contre l’insécurité et les difficultés économiques.

Une femme présidente, une première

Largement favorisée dans les sondages, portée par la popularité d’Andres Manuel Lopez Obrador (surnommé AMLO), Claudia Sheinbaum, 61 ans, est bien placée pour devenir la première présidente du Mexique. A la tête d’une coalition de centre-gauche, elle propose de poursuivre la « Quatrième Transformation » (« 4T »), un concept pompeux forgé par l’actuel chef de l’Etat pour inscrire son action, notamment sociale, en cohérence avec les trois grandes transformations historiques du pays : la guerre d’indépendance (1810-1821), la réforme laïque (1857-1860) et la Révolution (1910-1920).

Ancienne maire de Mexico (2018-2023), scientifique de formation, Claudia Sheinbaum a remporté les primaires grâce au soutien du président. Mais cette proximité, assumée et affichée, a fait d’elle, durant la campagne, la cible de la coalition de centre-droit, qui dénonce « l’autoritarisme » du pouvoir en place depuis 2018. Pour Xochitl Galvez et ses partisans, la démocratie mexicaine serait menacé par les dirigeants des « 4T », accusés, entre autres, de vouloir remettre en cause l’indépendance de certaines institutions, à commencer par la justice. La candidate de l’opposition appelle donc les partisans de la troisième candidate, représentant un petit groupe, à la soutenir pour faire barrage au protégé du président.

Une campagne tendue et violente

Comme beaucoup de ses voisins, le Mexique n’est pas à l’abri de la polarisation politique. Andres Manuel Lopez Obrador, qui quittera ses fonctions le 1er octobre, est un président très diviseur, qui n’hésite pas à s’en prendre à ses adversaires lors de ses conférences de presse matinales et quotidiennes. Figure principale de la gauche mexicaine depuis le début du siècle, AMLO a divisé le Mexique, et cette division se reflète aujourd’hui dans Claudia Sheinbaum.

Signe de ce climat de tension, lors de sa campagne, Xochitl Galvez a régulièrement accusé son adversaire de minimiser la violence des cartels qui frappent le pays et même de complicité avec des bandes criminelles. Elle a dénoncé à plusieurs reprises le parti du président, Morena (Mouvement de régénération nationale, fondé en 2014), comme étant un « narcoparti » avant de se voir interdire d’utiliser ce terme par l’Institut national électoral, quelques jours avant le scrutin.

La mairie de Mexico va-t-elle basculer vers la droite ?

Ce dimanche, les Mexicains désigneront également leurs maires, les parlements de leurs États et certains sièges de gouverneur. Mais c’est surtout le sort de la Mairie de Mexico qui suscite le plus d’incertitudes. La mégalopole mexicaine, qui compte quelque 9 millions d’habitants (22 millions en incluant sa périphérie), est gouvernée par la gauche depuis 1997, année de la première élection du maire de la ville au suffrage universel.

Craignant une nouvelle défaite à la présidentielle, la droite rêve de conquérir la capitale pour en faire un contre-pouvoir à la gauche. Et préparez-vous pour le prochain mouvement. Autre enjeu, pour la candidate de Morena, Clara Brugada, comme pour son adversaire de droite, Santiago Toboada : la mairie de Mexico est un tremplin vers le palais national. AMLO a été maire de 2000 à 2005, Claire Sheinbaum plus récemment. Si les sondages donnent quelques points d’avance à Clara Brugada, le vote devrait être serré.

William Dupuy

Independent political analyst working in this field for 14 years, I analyze political events from a different angle.

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