Au Mexique, le Sénat adopte une réforme judiciaire controversée, après une session marquée par l'irruption de centaines de manifestants dans la chambre
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Au Mexique, le Sénat adopte une réforme judiciaire controversée, après une session marquée par l’irruption de centaines de manifestants dans la chambre

Au Mexique, le Sénat adopte une réforme judiciaire controversée, après une session marquée par l’irruption de centaines de manifestants dans la chambre
Plusieurs centaines de personnes prennent d'assaut la salle du Sénat pour protester contre la réforme judiciaire, à Mexico, le 10 septembre 2024.

Lors d’une séance marquée par l’irruption de plusieurs centaines de manifestants dans l’hémicycle du Sénat – ce qui a contraint les parlementaires à suspendre temporairement les débats – les sénateurs mexicains ont approuvé, mercredi 11 septembre, une réforme judiciaire très controversée dans le pays. Ce texte prévoit notamment l’élection des juges – dont ceux de la Cour suprême – et des magistrats par un scrutin majoritaire à majorité simple. « vote populaire ».

Soutenue par le président sortant de gauche Andrés Manuel Lopez Obrador (« AMLO »), la réforme a été adoptée par 86 voix, soit les deux tiers, des 127 sénateurs présents au Sénat, dominé par le Mouvement de régénération nationale (Morena, à gauche) au pouvoir et ses alliés. 41 sénateurs ont voté contre. Le chef de l’Etat mexicain, qui transmettra le pouvoir le 1er maieuh Claudia Sheinbaum, également du parti Morena, soutient que la justice mexicaine est corrompue et ne sert que les intérêts économiques des élites, alors que plus de 90% des crimes restent impunis au Mexique, selon les ONG.

Cette réforme génère cependant de fortes tensions avec les États-Unis, principal partenaire commercial du pays, qui la voient comme une  » risque «  pour la démocratie mexicaine, et à l’intérieur du Mexique, où les manifestations sont quotidiennes depuis plusieurs semaines. Mardi, plusieurs centaines de manifestants ont envahi le siège du Sénat aux cris de « Sénateurs, arrêtez le dictateur » Ou « Le pouvoir judiciaire ne tombera pas ».

Après avoir franchi les barrières de sécurité, ils ont obligé le président du Sénat, Gerardo Fernández Noroña (majorité présidentielle), à ​​ajourner la séance. M. Fernández Noroña a annoncé peu après que la séance serait délocalisée à l’ancien siège du Sénat. « Il y aura une réforme de la justice »« Nous avons voté en faveur de cette réforme, mais nous n’avons pas eu le temps de nous prononcer sur la question », a-t-il ajouté, avant que le vote ne se tienne dans cette enceinte improvisée. La réforme avait déjà été adoptée la semaine dernière par les députés dans un gymnase, sous des paniers de basket, après que l’Assemblée eut été bloquée par des manifestants.

« Le pouvoir judiciaire est au service des puissants », affirme M. Lopez Obrador

Les opposants estiment que cette mesure affaiblira l’indépendance des juges et les rendra vulnérables aux pressions du crime organisé. Les partis d’opposition PAN, PRI et le Mouvement citoyen ont annoncé qu’ils voteraient contre. « Nous l’avons déjà dit et nous le redisons : nous lutterons jusqu’au bout pour empêcher cet outrage à la République et à la démocratie. »a écrit la sénatrice du Mouvement citoyen Alejandra Barrales. La présidente de la Cour suprême, Norma Piña, avait déclaré dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux dimanche que « La démolition du système judiciaire n’est pas la voie à suivre ».

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M. Lopez Obrador, qui a souvent critiqué le Sénat pour avoir retardé plusieurs de ses réformes, a averti M.moi Piña contre une éventuelle tentative de blocage, qui selon lui constituerait une « violation flagrante » de la Constitution. « Ce qui inquiète le plus ceux qui sont contre cette réforme, c’est qu’ils perdront leurs privilèges, car le pouvoir judiciaire est au service des puissants. (…) et la criminalité en col blanc »il a dit.

Face aux critiques américaines, le gouvernement mexicain a dénoncé une « ingérence » Washington dans ses affaires intérieures et a mis en place  » casser «  fin août, ses relations avec l’ambassadeur des États-Unis au Mexique, Ken Salazar, qui a critiqué publiquement la réforme à plusieurs reprises.

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Le Monde avec l’AFP

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