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Au Mali, Touaregs et jihadistes infligent un revers cuisant à l’armée et à la milice Wagner

L’ennemi de mon ennemi est mon ami… L’adage se vérifie à nouveau dans le nord du Mali, où les rebelles indépendantistes touaregs, en lutte contre la junte militaire au pouvoir à Bamako, semblent avoir renoué une alliance, au moins de circonstance, avec les groupes armés jihadistes présents dans la zone, sous la bannière du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), affilié à al-Qaida.

Prisonniers blancs

Une colonne de véhicules de l’armée malienne, forte de plusieurs dizaines de soldats, appuyée par une cinquantaine de mercenaires les Russes Les forces de sécurité maliennes ont subi les conséquences de cette attaque, près de Tine Zaouatine, une ville située à la frontière entre le Mali et l’Algérie. Entre jeudi 25 et dimanche 28 juillet, cette colonne a été attaquée à plusieurs reprises. Tous les Maliens et les mercenaires ont été tués ou faits prisonniers, affirme le CSP-DPA, une coalition de groupes séparatistes.

Des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux montrant des corps au sol et des prisonniers, dont beaucoup sont blancs, confirment cette histoire. TélégrammeDes sources proches de la milice russe Wagner, attestent de la déroute et de la mort d’un officier de haut rang, Sergueï Chevtchenko. Même l’armée malienne, habituellement muette sur ses informations, a reconnu lundi un nombre important de décèsLa junte du colonel Goïta, au pouvoir à Bamako depuis le coup d’État de 2021, impute l’attaque aux jihadistes du GSIM, ce que nient les Touaregs.

La réalité est à mi-chemin. Le convoi, pris dans une tempête de sable qui a limité l’usage de l’appui aérien, a bien subi une succession d’attaques des combattants du CSP-DPA. Mais l’anéantissement final de ce qui restait de la colonne est à mettre au crédit des jihadistes. Plusieurs vidéos en attestent, dont une où l’on voit un commandant local du GSIM et le fils d’Iyad Ag Ghali, l’émir du GSIM, diriger leurs combattants.

Un revers très inquiétant

Pour la junte malienne, le coup est dur. En novembre 2023, elle a célébré la restauration de la souveraineté de Bamako sur le nord du Mali, en reprenant Kidal, bastion historique des rebelles touaregs qui contrôlaient la ville depuis 2012. Ce qui a justifié la décision de chasser du pays les militaires français et les Casques bleus de l’ONU, au profit de mercenaires liés au Kremlin.

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Les Maliens constatent aujourd’hui que Wagner, accusé de multiplier les exactions contre les civils lors d’opérations conjointes, n’est pas invincible. Plus inquiétant encore : la prise de Kidal pourrait relancer l’alliance entre groupes touaregs et jihadistes, celle-là même qui avait déferlé dans le sud du pays en 2012, avant d’être stoppée par l’intervention militaire française.

Pourtant, dans le centre du Mali, la situation est loin d’être stabilisée face aux jihadistes du GSIM ou à leurs rivaux de l’Etat islamique. Les camps de l’armée y sont régulièrement attaqués, voire occupés. Le GSIM a même placé la ville de Tombouctou sous quasi-blocus.

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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