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Au Mali, la junte au pouvoir annonce qu’elle autorisera les partis politiques à reprendre leurs activités

La junte au pouvoir au Mali a annoncé, mercredi 10 juillet, qu’elle autorisait à nouveau les activités des partis politiques et des associations politiques, suspendues depuis le 10 avril. « Le gouvernement a décidé de lever la mesure de suspension qui affectait les partis politiques et les activités politiques des associations »a déclaré un communiqué du conseil des ministres, dominé par les militaires qui ont pris le pouvoir par la force en 2020.

Le chef de la junte, le colonel Assimi Goïta, avait décrété la suspension, accusant les partis de « discussions stériles » et de « subversion »Il avait évoqué le danger que leurs activités représentaient pour une « dialogue » débat national en cours sur l’avenir politique du Mali.

Les partis protestaient alors contre le maintien des colonels à la tête du pays après l’échéance de mars 2024, mois au cours duquel la junte avait promis de céder la place aux civils après les élections. Les principaux mouvements politiques et ce qui reste de l’opposition avaient décidé de boycotter ce scrutin. « dialogue ».

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Elle a depuis été organisée avec la participation des partisans du régime et a abouti en mai à « recommandations » prônant le maintien du pouvoir militaire « de deux à cinq ans » En outre, la candidature de l’actuel chef de la junte à une future élection présidentielle a été contestée. Les voix dissidentes continuent d’être réprimées depuis.

Depuis fin juin, les autorités ont emprisonné onze présidents de partis et opposants qui ont signé une déclaration publiée le 31 mars par leur coalition et appelant la junte à rendre le pouvoir aux civils. Ces personnalités sont accusées « conspiration ».

Toujours pas d’horizon défini pour les élections

Le Conseil des ministres assure qu’en suspendant les activités des partis, « Le gouvernement a su contenir toutes les menaces de désordre public qui pesaient sur lui » sur le « dialogue »La junte avait également affirmé en avril qu’elle poursuivait la lutte contre les groupes armés jihadistes et indépendantistes touaregs.

Le Mali est désormais dans une « Phase de mise en œuvre des recommandations du dialogue dans un climat de maîtrise de la situation sécuritaire, politique et sociale »Le Conseil des ministres a déclaré que le régime militaire avait déjà signalé qu’il mettrait en œuvre la « recommandations » de « dialogue »Toutefois, aucun horizon n’est encore défini pour les élections.

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En 2022, les militaires s’étaient engagés à partir en mars 2024, après des élections, au terme de deux ans d’une période dite de « transition ». Ils n’ont pas tenu cet engagement pris à l’époque sous la pression de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) et des sanctions rigoureuses de cette organisation.

Depuis 2022, la junte multiplie les actes de rupture. Elle a brisé l’ancienne alliance avec la France et ses partenaires européens pour se tourner militairement et politiquement vers la Russie. Les militaires ont également évincé la mission de l’ONU (Minusma) et dénoncé l’accord signé en 2015 avec les groupes indépendantistes du Nord, pourtant jugé essentiel pour stabiliser le pays.

Après le Mali, les militaires ont pris le pouvoir chez les voisins sahéliens du Burkina Faso en 2022 et du Niger en 2023. Les trois pays en proie au jihadisme ont décidé en janvier de quitter la Cédéao et ont annoncé samedi la création d’une confédération.

L’opposition malienne a été rendue impuissante par les mesures coercitives, les recours judiciaires, la dissolution d’organisations et la pression du discours dominant sur la nécessité de s’unir autour de la junte.

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Le Monde avec l’AFP

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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